Abonnés

Une fille de passage

Cécile Balavoine






  • Broché : 240 pages
  • Editeur : Mercure de France (5 mars 2020)
  • Collection : La Bleue
  • Existe en version numérique












Récit d’un amour improbable, d’une valse hésitation entre amitié et passion, qui tisse des liens très forts entre une jeune femme et celui qui pourrait être son grand père. La relation entre ces deux-là débute à l’université : Serge est un grand critique littéraire qui donne des cours d’écriture. 
La demoiselle finit par être hébergée dans l’appartement de son prof pendant que celui-ci prend ses quartiers d’été à Paris.

C’est ainsi que peu à peu, entre rendez-vous d’un côté ou de l’autre de l’atlantique et échanges épistolaires, ils se confient avec plus ou mois de sincérité leurs secrets les plus intimes.

Le lien  est complexe  : pour Cécile,   jamais le prof ne s’efface totalement devant l’homme et pour Serge, il n’est pas question de tenir compte de leur différence d’âge qui lui révèlerait ce qu’il veut ignorer, sa vieillesse.

Je retiens l’élégance et la fluidité de l’écriture, qui accentue le romantisme du récit.

La réflexion  sur le processus de l'écriture est également intéressante; 

Mais je n’ai pas réussi à m’accrocher à cette histoire de prof séducteur,  et la révélation de l’intimité de cette  relation ambiguë m’a parfois gênée. 




Vingt premières pages reposées à plusieurs reprises, et puis soudain sans trop savoir pourquoi, comme on plongerait, comme on s'immergerait, comme on ferait corps avec un élément, j'avais senti que je me pliais à ses mots, à leur rythme organique, imprévisible, je sentais que je me calais à l'étrangeté de leur disposition et de leur mélodie, à leur incongruité, à la syncope des sons, des sens, et que cela devait comme une danse aquatique, soule et violente, je me laissais tout à coup malmener par cet homme qui me plaquait contre ses mots, après vingt pages, qui me faisait ployer, couler, vingt pages comme un palier, comme lorsqu'on descend très loin tout au fond de l'eau, ou au contraire lorsqu'on monte, quand l'oxygène se raréfie, et que la souffrance devient plaisir, je me sentais attirée vers les tréfonds et les hauteurs, vers l'histoire de cette femme et de cet homme, cette tragédie qui se distillait, cette femme qui finissait par mourir, peut-être à cause des mots de son mari, des mots qu'elle lui avait demandés, qu'il lui avait envoyés à Paris, où elle vivait encore pour quelques mois , juste avant de le rejoindre à New-York, dans leur appartement de Manhattan, dans e salon au portrait de Proust, dans leur chambre à coucher aux lits jumeaux happés de bleu.

*
Il y a d'une part les écrivains à processus, qui partent d'une idée sans savoir où leur texte les mènera, ceux dont je fais partie. Et puis les écrivains à programme, qui planifient tout. Pour illustrer le second type, il racontait l'histoire de M. Racine rencontrant un beau matin M. Boileau. " Alors, comment va notre Phèdre? " demande M. Boileau. "Très bine, répond Racine en posant un index sur son front. Tout est fini. Je n'ai plus qu'à l'écrire !".






Professeur de littérature, Cécile Balavoine est docteur en littérature française et titulaire d’une maîtrise d’allemand.
 En 2017, elle publie son premier roman, "Maestro", ainsi qu’une anthologie, "Le goût du piano", aux éditions Mercure de France.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Article le plus récent

Les invités de Marc

Articles populaires