- Broché : 384 pages
- Editeur : P.O.L (5 mars 2020)
- Collection : FICTION
- Langue : Français
Qui a tué Karl, ce monstre qui terrorise ses enfants et sa femme?
D’emblée, dès les premiers lignes, on est dans le sujet : ce que vivent Loubna et ses enfants est insoutenable. Karel et Hendricka en bavent tous les jours, mais ce n’est rien à côté du martyr du petit dernier, rejeté avant même sa naissance et qui a eu le malheur de naître avec de multiples malformations. Celui que son père nomme le gogol ou le triso, Mohand, et les deux autres enfants se construiront une nouvelle famille , à deux pas de la cité marseillaise où ils survivent , au coeur d’un camp de gitans. C’est là qu’ils tisseront des liens d’amour et d’amitié , alors qu’il leur faudra des années pour comprendre l’histoire familiale complexe dont ils sont issus.
Survient un drame . Et là j’ai cru être plongée dans un roman de Zola avec sa théorie de la dégénérescence et de l’hérédité de la violence. Un accident? une pulsion alcoolisée? Peu importe, Karel vit avec cette angoisse, d’être découvert , mais aussi de porter en lui un peu de la perversité paternelle .
Les personnages sont complexes. Si Karel et Handricka s’en sortent grâce à leur beauté (leur père ne parviendra cependant pas à tirer profit des castings auxquels il les présente inlassablement), Mohand tire son épingle du jeu en partie du fait de sa laideur, sa disgrâce physique et sa fragilité contribuant à une forme de séduction. Et puis il a un autre atout dans son sac, ce garçon…
C’est quasiment en apnée que se dévore ce roman dont les excès contribuent à l’addiction qu’il suscite. et l’on en sort comme estomaqué, après une scène finale époustouflante. Même si tout est un peu « trop », trop violent, trop beau, trop laid, c’est très efficace.
Je vais apprendre à l'aimer, aussi, pour mon malheur comme pour le sien. Ça non plus, je ne le sais pas encore, même si quelques chose dans la légèreté de l'air et les effluves printaniers de ce jour-là aurait dû m'alerter : les torches d'asphodèles allumées un peu partout dans la colline, le vol incessant des abeilles, grisées par les sucs et les pollens, comme je le suis moi-même par cette fille qui me regarde avec ferveur .*La vérité, c'est que j'étais "bon à l'école" mais on m'a toujours conseillé de faire un CAP ou de me lancer dans le mannequinat. La vérité, c'est que pour la plupart des enseignants, j'étais trop pauvre ou trop arabe, ou trop les deux. Je venais trop de la cité, j'avais trop l'accent et pas assez les codes. Mes parents ne venaient jamais aux réunions parents-profs, je n'étais ni souriant ni sympa, je me battais pour un oui ou pour un non, je trichais dès que c'était possible - et même quand je ne trichais pas , on attribuait à la triche mes bons résultats- à quoi bon être honnête, dans ce cas?
Rebecca Lighieri est le pseudonyme de l'écrivaine Emmanuelle Bayamack-Tam.
Agrégée de lettres modernes, elle enseigne le français dans un lycée de la banlieue parisienne depuis trente ans. Elle est codirectrice, avec Jean-Marie Gleize et Olivier Domerg, des éditions Contre-Pied depuis leur création en 1994.Elle prend le pseudonyme de Rebecca Lighieri pour écrire d’excellents romans noirs comme "Husbands" (2013), sa première incursion dans le genre policier, puis "Les Garçons de l’été" (2017), lauréat du Prix littéraire de la ville d’Arcachon 2017 et du Prix des libraires Folio en partenariat avec Télérama en 2018. Source (Babelio)
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