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La liberté au pied des oliviers ⭐️⭐️⭐️⭐️

Rosa Ventrella


  • Broché : 288 pages
  • Editeur : Les escales éditions (4 juin 2020)
  • Langue : Français
  • Traduction (Italien) : Anaïs Bouteille-Bokobza

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Dans les années 40 au sud de l’Italie, dans cette région déshéritée des Pouilles, Tereza raconte. La vie miséreuse, l’autorité du père, , son départ pour la guerre,  la beauté de sa soeur Angelina  et de sa mère, et la honte de celle-ci  vendant son corps au «seigneur » de la région pour pouvoir donner à manger à ses filles.


Les enfants grandissent, la rébellion gronde parmi les paysans exploités, la répression est violente. L’arrivée de Giacomo, le fils de la sorcière agite la fourmilière. Et dans le cœur de Tereza, nait une passion dévorante. Mais Giacomo n’a d’yeux que pour Angelina alors que celle ci s’amourache du fils du notable.


C’est une période de l’histoire de l’Italie qui n’est pas si ancienne, mais la féodalité est encore la règle. Et la vie étriquée est contrôlée de main de maitre par le baron, qui tient sa cruauté de son père, mais l’aura-t-il transmis à sa descendance?


Alors on souffre avec la famille Sozzu, qui semble bien être sous l’emprise d’un maléfice, revers inévitable d’une médaille dont l’endroit s’orne d’une beauté mortifère. 


La narratrice nous entraine avec beaucoup de grâce dans ce récit qui s’apparente aux légendes que pourraient conter les grands-mères d’autrefois. Le cheminement vers le drame révélé dès le départ obéit à d’autres lois que le simple hasard. C’est écrit. 


La magie est autant dans l’histoire que dans l’écriture. C’est avec beaucoup de talent que la vie dans cette Italie d’une autre siècle nous est contée. Une très belle découverte.




Je me rappelle les soirs de mistral, quand Angelina et moi, devant la cheminée où brûlait le feu, retirions nos chaussures et nos chaussettes de laine pour prendre nos pieds dans nos mains. Dans ces moments-là je ressens un bonheur soudain, furtif, unique, qui est resté intact, quelque part.

*


La médisance était partout et poursuivait ma mère, qui devait l'esquiver à chaque pas : elle se glissait dans les ruelles, dans l'escalier en colimaçon tordu qui menait à la place, elle se cognait contre les bonbonnes d'huile devant lu trappetu, le pressoir, elle entrait dans les yeux des ânes  attelés aux charrettes  de fruits, elle contaminait le vendeur de sardines, le boulanger, le vendeur de fruits et de légumes, les commères sur le pas de leur porte, la makara -la sorcière, la guérisseuse- aux yeux noirs, le charretier qui ramassait les restes de fer ou de briques en criant : sa voix gutturale semblait venir de loin, comme l'appel de la cupa cupa.



*

Je restai un moment immobile, le dos vouté, les yeux rivés au sol, puis je me levai, hésitante. Parler devant eux me mettait dans l'embarras, je sentais une sorte de pulsation dans ma joue gauche. Toute ma vie, ce signe annoncerait le malaise, exprimerait l'inadéquation
de mon corps.
- Mais sans bégayer, ordonna Angelina.
- Chut, la fit taire Papi. Elle doit d'abord trouver les mots dans sa tête, avant de les prononcer.
Mais je n'y parvins pas. Aucune histoire ne me venait à l'esprit.



Rosa Ventrella
est une romancière née en 1974.
Elle est diplômée d'histoire contemporaine à l'Université de Parme et titulaire d'un master management des établissements. 
Elle a travaillé comme éditrice et journaliste et a animé des ateliers d'écriture créative
"La liberté au pied des oliviers" ("La Malalegna", 2019) est le second.





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