- Poche : 364 pages
- Editeur : Gallimard
- Parution : 1 janvier 1977
Ce monument de la littérature française, peut intimider voire effrayer le futur lecteur, par crainte de ne pas maîtriser les notions historiques, ou de se retrouver confronté à un style complexe et abscons. Et pour avoir oser franchir le pas, dès les premières pages , je suis revenue sur ces préjugés. Le test des 80 premières pages n’a pas été nécessaire, je me suis laissée séduire autant par la forme que par le fond.
Ce testament de vie d’un homme qui pressent l’arrivée de sa mort, et lègue à son neveu et futur successeur Marc Aurèle, alors âgé de 17 ans, un bilan assorti de suggestions et mise en garde pour assumer au mieux le pouvoir de régner sur un empire, est à la fois édifiant et émouvant.
Hadrien revient sur son histoire personnelle, sa jeunesse et les erreurs qui l’ont marquée , et son arrivée au pouvoir, après le décès de Trajan . Et sans en avoir l’air, dessine ainsi un état des lieux de la société romaine de la fin du deuxième siècle.
Cet empereur semble bien avoir été un gouvernant vertueux. Opposé à la guerre, si ce n’est pour défendre son territoire, mais en aucun cas par goût de l’affrontement et de la conquête, il se range plutôt du côté des pacifistes. Il vise une société plus équitable, se penchant sur le statut des esclaves dont il améliore le sort, ainsi que sur celui des femmes.
Il entreprend également une grande réforme de l’agriculture, une réorganisation de l’administration et du droit romain.
Cet amoureux des arts et des lettres est aussi à l’origine de grands travaux, s’inspirant des traditions grecques et égyptiennes.
Hadrien confie aussi les aléas de sa vie amoureuse. amateur des jolies femmes, même s’il n’était pas très attiré par la sienne, c’est surtout sa passion pour Antinoüs qu’il nous conte. Il ne se remettra jamais de la mort tragique du bel éphèbe, dont il fera dresser un nombre considérable de statues, et même élèvera une ville à son nom.
Il y aurait encore tant de choses à dire sur ces confidences pré mortem, empreintes de sagesse. Le récit va bien au delà d’une page d’histoire, c’est une méditation sur la vie, l’amour et la mort, qui a quelque chose d’universel et d’éternel.
Lecture commune club du Figaro juin 2020
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