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Betty ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

Tiffany McDaniel

 


  • Broché : 720 pages
  • Existe en version numérique
  • Éditeur : Editions Gallmeister (20 août 2020)
  • Langue :  Français
  • Traduction (Anglais) : François Happe

  • Prix du roman FNAC 2020
    Prix América 2020



Betty est-il le roman qu’il faut avoir lu en cette rentrée littéraire de l’automne 2020?


L’histoire se déroule sur près d'un siècle, dans le sud de l’Ohio. Celle que son père appelle Petite indienne revient sur le passé de ses parents, son père Landon, né au début du siècle, héritier d’une lignée maudite, celle des Cherokees, qui savent fabriquer de la peinture rouge et parler des feux sacrés. Cette richesse culturelle est cependant un fardeau dans cette Amérique qui n’accorde de crédit qu’aux blancs, aux voleurs de terre. 

L’histoire de la mère est plus dramatique encore, et c’est la rencontre avec Landon qui la sauvera des griffes d’une famille abjecte.

Betty complètera le tableau familial tout en racontant sa propre enfance, que sa couleur de peau désignera irrémédiablement comme l’exclue, la maudite. 


C’est un long roman, qui s’attache à retracer le destin, souvent écourté,  des nombreux personnages de la famille, dans cette maison que la majorité des habitants de Hampstead considèrent comme maudite. Et on aurait tendance à les croire, si l’on considère le nombre de survivants à la fin du récit!


Long roman donc, et pourtant -, malgré la noirceur (certains ont pu le comparer à My absolute Darling), la lecture n’est pas complexe et se fait avec facilité. 


L’écriture est très belle, dans la lignée des plus beaux romans de nature-writing et c’est sans doute ce qui contribue à son charme .


Bel exemple de ce que la littérature américaine peut nous apporter de meilleur, dans la qualité de l’écriture et le soutien de valeurs humaines primordiales.




Devenir femme, c'est affronter le couteau. C'est apprendre à supporter le tranchant de la lame et les blessures. Apprendre à saigner. Et malgré les cicatrices, faire en sorte de rester belle et d'avoir les genoux assez solides pour passer la serpillière dans la cuisine tous les samedis. Ou bien on se perd, ou bien on se trouve. Ces vérités peuvent s'affronter à l'infini. Et qu'est-ce que l'infini  sinon un serment confus ?

*

Je croyais que le Grand Créateur avait expédié ses écrivains sur la lune, porté par les ailes d'oiseaux- tonnerre, il leur avait dit de m'écrire un père. Des écrivains tels que Mary Shelley, qui avait donné à mon père une compréhension gothique pour la tendresse de tous les monstres.
Agatha Christie avait créé le mystère qui habitait mon père et Edgar Allan Poe avait conçu pour lui il obscurité de manière à ce qu'il puisse s'élever jusqu'au vol du corbeau. William Shakespeare avait écrit pour lui un cœur de Roméo en même tant que Suzanne Fenimore Cooper lui avait imaginé une proximité avec la nature et le désir de paradis retrouvé. Émilie Dickinson avait partagé sa sensibilité de poète pour que mon père sache que le texte est le plus sacré celui dans la façon dont les êtres humains riment ou ne riment pas les uns avec les autres. Laissons  à John Steinbeck le soin de mettre dans le cœur de mon père une boussole afin qu'il puisse toujours vérifier qu'il était bien à l'est d'Eden et légèrement au-dessus du paradis.

*
Comme la veille, je l'ai trouvé assise toute nue au bord de son lit. Sans s'apercevoir de ma présence, elle a continué à se masser les jambes, les veines bleu-vert roulant sous sa peau. La vue de son corps ne m'a pas fait aussi peur cette fois. Dans les plis et les rides, c'était son histoire que je voyais. Sa peau était le journal intime de son âme. Tous les printemps où elle avait observé les fleurs s'épanouir. Les étés où elle était resté sous la lune et avait embrassé son visage. Les automnes où elle était devenu plus sage. Les hiver qui Les Les hivers qui avait gelé  les initiales de son nom. Chaque ride était la trace de tout cela et témoignait de chaque heure, de chaque minute et de chaque seconde qu'elle avait vécu. Tous ses secrets était inscrits sur sa peau. Les choses pour lesquelles elle avait imploré Dieu, les choses pour lesquelles elle avait maudit le diable. Mais dans toute cette vieillesse je ne voyais que de la beauté.










Tiffany McDaniel est une écrivaine américaine, née en 1985

Elle vit dans l’Ohio, où elle est née. Son écriture se nourrit des paysages de collines ondulantes et de forêts luxuriantes de la terre qu’elle connaît. Elle est également poète et plasticienne. 

Après son premier roman, "L’été où tout a fondu", elle publie, en 2020, toujours chez Gallmeister, "Betty" qui remporte dès sa sortie le Prix du Roman Fnac 2020. (source : Babelio)

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