Lucie au paradis ⭐️⭐️⭐️

 Jérôme Abranel

• Broché : 271 pages
• Existe en version numérique
• Éditeur : Librinova (3 août 2020)
• Langue : : Français

Lucie a pris l’avion pour la première fois pour rejoindre son fiancé aux USA. L‘émerveillement est au rendez-vous mais c’est une curieuse expérience de NMDE qui clôturera ce voyage et avec lui, les projets de mariage : son fiancé s’est noyé! Elle rentre à Paris,, pas seule, puisque  sans qu’elle puisse clairement l’expliquer, elle attend un enfant.Das ce Paris des années 60, elle n’a donc le choix que d’élever Betty, en gagnant sa vie au vestiaire d’un petit cabaret parisien, et résumant sa vie sociale aux rencontres avec son ami Josyane mais surtout avec l’époux de celle-ci , un chaud lapin peu enclin à demander s’il te plait.

Entrent en scène deux curieux personnages, Tiburce et Suzanne, qui jouent un rôle particulier dans le destin de la demoiselle.

Changement de décor : Lucile est une jeune femme du vingt-et-unième siècle, qui fréquente avec plaisir un petit troquet démodé et repéré par un promoteur qui se verrait bien profiter de l’emplacement pour ajouter un édifice lucratif à cette bonne ville de Nantes. Mais voilà que le destin reproduit à l’envi une histoire familière…

Deux romans en un seul! C’est ce que nous propose Jérôme Abranel, sur le thème de la réincarnation et des anges gardiens. Une histoire originale avec des personnages que l’on apprécie.

C’est par ailleurs un bel exercice de style, puisque la Lucie de la première partie s’exprime avec une gouaille  qui n’est pas loin de rappeler le style d’Audiard, avec des expressions qui marquent bien l’ancrage dans les années 60, souligné par l’actualité de l’époque. Et c’est un tout autre style qui cède la place pour incarner Lucile, et on est bien cette fois dans la période contemporaine, avec la technologie ambiante. C’est adroit et stimulant pour le lecteur.

Jusqu’à quel point est-on maître de son destin? La vie est-elle un éternel recommencement ? Qui tire les ficelles ? C’est sur le ton de la comédie que l’auteur nous propose une version parmi l’immensité des possibles.

Merci à l’auteur  m’avoir proposé la découverte de cet deuxième roman, que j’ai beaucoup apprécié.

C'est bon, Lucile. C'est propre, et ça sans façon !

–Merci, Jacky, t'es super gentil.… Euh, ça veut dire quoi, d'après toi, ça sans façon ?

–Ben tu sais, Brassens : elle est à toi, cette chanson, toilettes rangées, qui sent façon, m'a donné quatre bouts de bois...

*

–Hé hé !… Mayron, Mayron, petit patapon…

–Mais non, andouille, à cause du boulot. Je crois que je me suis un peu précipitée, en rentrant dans cette boîte. Je suis pas sûre de trouver mon bonheur. Bon, tu vas me dire, le bonheur,…

–… C'est  d'avoir de l'avoir plein nos armoires ?

–C'est pas à ça que je pensais, non.

–Si le bonheur existe, c'est une épreuve d'artistes ?

–Non plus !

–Cherche ton bonheur partout, va, refuse ce monde égoïste ! Résiste !

–Laisse tomber, Juke, la réponse n'est pas dans France Gall.

–J'aime bien, Frantz Gall. Bla-bla-car, où es-tu, où es-tu?

*

Jean-Claude estime que, dans notre majorité, nous fonctionnons suivant un modèle de comportement qui oscille entre le bon copain ( dans nos bons jours) et l'empafé de base (quand on est à la bourre pour la série télé), ce qui fait quand même de nous des êtres globalement fréquentables (surtout depuis l'invention du streaming). Mais il prétend aussi qu'une minorité non négligeable finit par oublier d'être parfois bon camarade, à force se voir plus malin et plus important que autrui.

Jérôme Abranel est un romancier. 
Avant de s'installer à Nantes, il a vécu à Paris et a exercé des responsabilités dans une entreprise privée. 
Après Un coeur pur Lucie au paradis est son deuxième roman.