Alice Zeniter
- Broché : 400 pages
- Existe en version numérique
- Éditeur : Flammarion (19 août 2020)
- Langue : Français
Alice Zeniter nous convie à un voyage bicéphale : dans le monde des hackers avec L. et sur le territoire d’un assistant au service d’un député socialiste. Ces deux planètes si éloignées l’une de l’autre finiront par se rencontrer en apportant de l’eau au moulin de la théorie des cinq poignée de main, modifiant ainsi l’orbite de leur trajectoire avec plus ou moins d’angle.
L. est une solitaire, naviguant entre le domaine du dedans (les méandres du web) et du dehors, qui, hormis la présence temporaire mais réconfortante d’Elias, activiste sur le darkweb, représente un univers hostile qui incite à la paranoïa. Mais même les paranos ont des ennemis et la menace rode autour de la jeune femme.
Quant à Antoine, son rôle de subalterne après de son député de patron, lui confère un statut de grenade, et même de grenade dégoupillée, étant donné la popularité décroissante du parti politique qu’il a investi. Alors que les émeutes des « Gilets » gagnent en violence ce qu’elles perdent en popularité, Antoine voit sa carrière, construite malgré ses origines modestes, prendre une tournure déclinante, alors que ses rêves d’écriture s’enlisent dans une impasse créative.
Brillante démonstration d’une collecte de documentation bien retranscrite sur le plan littéraire, qui permet, sinon de comprendre au moins de s’immiscer dans le milieu des aficionados du codage, avec suffisamment de pédagogie pour au moins en expliquer sans effet copié-collé le lexique interne.
Un bémol sur le fil rouge qui s’articule autour des délires (ou pas) de persécution de L. . Le récit prend des allures de thriller sans qu’il y ait vraiment de lumière sur ce qu’elle a ressenti comme un danger. Un polar sans conclusion…
Cela reste cependant une lecture prenante, et l’on suit avec plaisir et addiction les aventures du couple improbable.
Le café avait l’épaisseur d’une soupe, elle en fit tourner une gorgée dans sa bouche en hésitant à l’avaler. Le forum auquel elle s’était connectée était en train d’être mis à sac par un hater particulièrement brutal qui laissait derrière lui une traînée de conseils arrivés trop tard ou trop peu écoutés : Don’t feed the troll, don’t feed the troll.
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