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Les enfants d'Ulysse ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Carole Declercq





  • Éditeur : Editions la Trace (12 janvier 2021)
  • Langue :  Français
  • Broché : 215 pages









Feriel et Hamza ont fui l’Afghanistan, pour rejoindre leur frère installé depuis quelques années en Autriche. Autrement dit, ils vivent comme le héros antique évoqué dans le titre,  les affres d‘un voyage dangereux et à l’issue incertaine, à la merci des autorités des pays traversés, autant que des organisations humanitaires force est de constater que  l’enfer peut être pavé de bonnes intentions. Lorsque le camp de réfugiés d’Idomeni est démantelé, ils tentent de poursuivre leur périple en solitaires.


Pour Elliniki, fille d’immigrés turques implantés en Macédoine au bon gré des partages géographiques qui ont fait de cette zone terrestre un patchwork bigarré et illogique sur le plan culturel, la vie entre dans sa dernière phase. Seule dans sa petite maison au confort minimal, avec peu de ressources, qu’elle conforte en fabriquant des biscuits revendus au restaurant du village, elle se fait craindre par sa réputation de sorcière et son aplomb qui contraste avec sa stature frêle.


Il ne faudra pas beaucoup de négociations pour vaincre les appréhensions des deux enfants débusqués de leur cachette à quelques encablures de la vieille dame.


Une magnifique amitié en résulte.


On en sait peu sur le passé et l’avenir, mais cet épisode en lui-même est riche d’émotions, de celles que suscitent les capacités des hommes  à donner ce qu’ils ont de meilleur. 


C’est à petites touches que l’auteur dresse le portrait et nous apprend l’histoire d’Elliniki, histoire ponctuée d’épisodes douloureux, avec en filigrane les violences éternelles.


J’ai beaucoup apprécié la délicatesse de l’écriture et l’absence de complaisance vis à vis des personnages. Un voyage contemporain dans un cadre mythique.




Elle s'adresse souvent à Angèle. Personne ne s'en étonnerait aujourd'hui. Tant de gens de ce monde moderne enfermés dans leur solitude et dans ce qu'il faut bien appeler une forme de misanthropie préfèrent s'adresser à leurs animaux qu'à leurs congénères. Elli se souvient pourtant du temps  pas où les gens n'avaient pas le temps de s'intéresser au sort des bêtes de compagnie en leur faisant la conversation. Elle a même connu une époque où on les mangeaient. Il n'y avait plus un chat dans le massif du Païko.

*

D'abord, il y a le Passeur. Celui-là, il est dans l'acte I. C'est le vrai méchant de l'histoire. Il n'en veut qu'à votre argent. Rien qu'à votre argent. Votre misérable petite vie, il s'en fiche. Sans doute a-t-il, lui aussi, des amours, des amis, des soucis pour combler la sienne, mais, en l'occurrence, vous n'êtes rien pour lui. Pas même une bête ou un microbe. Ou plutôt, si  : vous êtes une maladie,  une terrible maladie qui se répand, une sorte de pandémie, et il serait pioneer principale du laboratoire qui détient le médicament miracle. Alors, vous comprenez qu'il vous tient bien et ne veut pas vous lâcher avant d'avoir tirer le maximum de vous. Il a même intérêt à ce que l'épidémie se propage.

*


Mais aussi, même si elle veut les refouler, il y a, telles des ombres malfaisante rampant dans les coins, les cicatrices du passé qu'elle a apportées avec elle quand son mari a monté, pierre après pierre, ces murs pour abriter leur bonheur. Drôle de cadeau de mariage. Son cœur n'était qu'une boule de haine, pulsant  dans les veines un sang  mauvais comme un poison noir. Son amour a été le remède universel qui a chassé affection.







Agrégée de lettres et de langues anciennes, Carole Declercq, est enseignante. 

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