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Ce qu'il faut d'air pour voler ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Sandrine Roudeix



  • Éditeur : Passage (7 janvier 2021)
  • Langue : Français
  • Broché : 217 pages
  • Première sélection Prix Orange








La lecture des premières pages m’a fait craindre ce que la couverture semblait aussi promettre : lire un manuel de développement psychomoteur de l’enfant, doublé d’un mode d’emploi pour mère débutante ! La naissance, l’attachement, le corps malmené, la routine bousculée, le couple qui n’y résiste pas :  du déjà vu. Et puis peu à peu, avec les années qui passent, on prend la mesure de cet amour dévorant qui unit la mère et l’enfant, jusqu’à un point de rupture nécessaire.


L’adolescence et ses chagrins d’amour seront les écueils qui feront voler en éclat la relation fusionnelle au point d’être délétère. On a envie de lui dire « mais lâche-le ! Tu vois bien que ton attitude est contre-productive ! » . Mais on comprend aussi les mécanismes de cette exclusivité, pas de vie de couple,  un  métier qui, même si elle l’exerce avec bonheur, a  été adapté de telle sorte que l’enfant reste au centre de ses préoccupations. 


Et comme les enfants ont la plupart du temps de fâcheuses prédispositions pour choisir des chemins qui ne mènent pas à Rome, la rupture  nécessaire à la survie sera difficile.


Cette angoisse du départ existe dès la rupture, anatomique celle là, du cordon, et on perçoit très bien cet étirement progressif des fibres du cordon virtuel qui résulte de la socialisation progressive de l’enfant. Le processus est sans doute encore plus marqué pour cette mère seule.


Avec l’enfant qui s’émancipe, ce sont aussi les années qui passent, et la blessure cruelle du temps et la restriction des possibles. 


Histoire d’une vie de femme, émouvante par son caractère universel, et de l’envol inéluctable du fruit de ses entrailles.




Mais je ne me souviens pas de t'avoir dit que c'est normal d'avoir peur de l'inconnu, que ce sont les premiers pas qui coûtent. Ni que le plus important est de faire de son mieux.Ni que tu as le droit d'échouer plusieurs fois avant de trouver ta voie. J'aurais peut-être dû.

*

Je n'ai pas compris tout de suite. Lorsque je suis entrée dans ta chambre après que la porte a claqué, frôlant ton placard troué de fléchettes et ta lampe étoilée d'un besoin enfui de lumière, je n'ai pas entendu le silence. Les silences changent toujours la couleur des murs.

Je ne demande pas à Éric quel rôle il souhaite tenir auprès de toi. Je ne lui confie pas ce que j'attends de lui, les contours de ton implication à mon bras. Quoi que je fasse, je ne réussis pas à exister à ses côtés. Ni en tant que mère ni en tant que femme. En dépit de toute ta bonne volonté, tu n'y arrives pas non plus.







D’origine espagnole par son arrière-grand-mère, Sandrine Roudeix passe son enfance entre Toulouse et Ax-les-Thermes (Pyrénées), fait ses études à Bordeaux et sa vie à Paris.Depuis 2008, Sandrine Roudeix poursuit son travail en free-lance dans la presse (Le Figaro Magazine, Madame Figaro, Le Point, L’Express, Top Santé…) et dans l’édition (Flammarion, Robert Laffont…).



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