Antoine Desjardins
- Éditeur : La peuplade (21 janvier 2021)
- Langue : Français
- Broché : 342 pages
Un recueil de nouvelles à garder à portée de lecture, pour de temps à autre s’imprégner à nouveau de l’ambiance particulière de l’un ou l’autre texte.
Ce sont sept textes, très différents les uns des autres, dans leur longueur, le style d’écriture (ne pas s’effrayer par le joual de la première nouvelle, elle offre un exotisme transitoire, dont il faut profiter avec décontraction), les personnages variés de l’enfant au vieillard, des femmes et des hommes, aussi divers que les passants sur un trottoir, même si à chaque fois le narrateur est masculin. Mais derrière les différences, un leitmotiv, un bilan sans appel, un requiem pour une humanité prise aux pièges de son incurie.
Et malgré tout, de l’espoir derrière le chant funèbre, car chacun des personnage imagine ou met en oeuvre des solutions, à son échelle, mais avec conviction. (Sauf peut-être dans la première nouvelle, faute de possibilité pour l’enfant malade d’agir, sinon en exprimant sa colère contre l’injustice de son sort) .
C’est lumineux, autant que la couverture, malgré l’inéluctable. D’ailleurs à y bien regarder, sur cette couverture, on peut y ressentir la brûlure d’un soleil non filtré, la sécheresse d’un arbre assoiffé, et la montée des eaux .
J’ai aimé chaque texte, et eu l’impression de lire autant de romans, tant il en ressort à chaque fois une puissance narrative qui vous attire au delà des mots.
Je vomissais pas très souvent, mais je me sentais complètement, profondément, terriblement vidé. Les batteries à plat. Non. Mettons, les batteries fondues + la porte des batteries pis les petits springs arrachés + le lapin Duracell assassiné pour en faire des pantoufles. Mal chié
*
Le parfum subtil et délicat de la terre, des arbustes et des fleurs gorgés de rosée, dont je raffole depuis l'enfance, s’est immiscé dans mes narines. Plutôt que de me détendre comme à son habitude, l’odeur m'a retourné l'estomac. J'ai dû payer le prix pour chaque verre, chaque shooter avalé la veille et, avec le taux d’intérêt, l'addition était loin d'être réglée.
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Bientôt, un autre phoque prenait sa place. Puis un autre remplaçait le précédent, et ainsi de suite. Un moment d’apesanteur, survolant la notion de temps sans même l'effleurer. À la vue de ces quelques têtes luisantes portée par les vagues, mon cœur creusait doucement ma poitrine pour s ‘y terrer comme dans un nid. Une grâce bouleversante émanait de cette scène. Ému, j’enviais les phoques, la lenteur de leurs dérives, leur accord avec les cycles et les éléments, la simplicité de leur existence nomade.
*
Angèle, c'est une amante de la nature en version dure à cuire. Elle a le cœur aussi large que sa grange, l’oeil vif des passionnés, la hargne et l'esprit guerrier des derniers insoumis. Quiconque, à Saint-Édouard, a déjà eu à en découdre avec elle vous le dira : si ma tante a quelque chose en tête, il vaut mieux se passer de son chemin.
Né au Québec en 1989, Antoine Desjardins est enseignant et écrivain. Indice des feux est son premier livre.
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