Annie Ferret
- Éditeur : Grasset (10 mars 2021)
- Langue : Français
- Broché : 224 pages
- Première sélection Prix Orange
« Même seule, la hyène n'a pas peur de capturer un gnou de cent soixante dix kilos. Et elle mange tout ce qui passe à sa portée. Sabots, cornes et poils. Quand ses sucs gastrique n'en viennent pas à bout, elle est en forme une pelote qu'elle rejette comme un hommage à sa gloutonnerie. À cause de tout le calcium contenues dans les os de ses victimes, les déjections de l’hyène sont blanches et cendrées : de la merde de vieille sorcière chenue. »
Derrière ce portrait attendrissant, se dressent trois générations, et même un peu plus, de femmes à la fois maudites et mauvaises. Des hyènes. Au langage cru et blessant. Conduisant à la folie ou à la morgue par des chemins que la morale réprouve les petits maris, qui payent une facture globale.
Alors pour comprendre son héritage familial, et prendre une décision à propos de la grossesse qu’elle vient de découvrir, Blanche questionne, interroge, et recueille les confidences altérées par les affres de la dégénérescence intellectuelle. Mais peu à peu malgré tout l’histoire se dessine et la violence s’explique.
C’est donc le roman de la transmission, de la nécessité de connaître l’histoire fondatrice, de remonter le cours du temps pour comprendre ce qui a pu advenir pour qu’un jour on n’ait pour seule symbole archétypique féminin de cette lignée un animal aussi sympathique que cet animal sauvage au rire diabolique.
Le roman est soutenu par une écriture vive, parfois crue, avec des dialogues qui reproduisent l’état d’esprit des interlocutrices, au moyen d’une langue vernaculaire qui sent bon le terroir, et qui finalement apporte un peu de légèreté au propos.
Premier roman virtuose, décalé, et féministe sans langue de bois.
Il aurait pu offrir à son épouse la dénomination respectable de veuve de guerre, mais non, cet égoïste n'y avait pas pensé. Pas d'accident du travail. Pas de cirrhose, malgré beaucoup de bonne volonté, pas de cancer de la gorge ni des poumons et, là non plus ce n'était pas faute d'avoir essayé. Chaque fois elle pensait qu'elle en viendrait bientôt à vous, mais le très vieux s'est accroché à l'existence comme un lichen.
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- Bien, bien, mais je ne peux pas inscrire « résidences séparées » si vous déclarez habiter tous les deux à la même adresse…
–C'est pus la même adresse, faut écrire Valère Lucien, 26, rue du petit étang, anciennement Grand'rue, côté droué. Lucien avait manqué de prudence avec Louise-Huguette. Il s'était attaqué à trop gros morceau et avait été chassé de l'antre comme les autres.
-Côté droué
- Côté droué ?
- Oui, côté droué du couloir
Agrégée de lettres modernes, après dix années d'exercice, Annie Ferret renonce à l'enseignement pour se consacrer à l'écriture, à son travail de modèle et à l'Afrique de l'Ouest, où elle voyage régulièrement.
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