Jennifer Richard
- Éditeur : Albin Michel (6 janvier 2021)
- Langue : Français
- Broché : 432 pages
- Première sélection Prix Orange
Le personnage central de cet histoire est au début du roman âgé et mourant. On pourrait presque pendant quelques pages éprouver une sorte d’empathie pour lui et son triste sort d’humain en bout de course. Mais en découvrant à qui on a affaire, le regard évolue. C’est l’histoire d’un homme qui a réussi, si tant est qu’accumuler une fortune colossale, être décoré de multiples médailles et affublé de titres honorifiques est un signe de réussite. Or derrière le personnage public et le mécène, se cache un marchand d’armes opportuniste et peu scrupuleux, se nourrissant à tous les râteliers pourvu que, grâce aux transactions, l’or s’entasse.
Un deuxième personnage avide l’accompagne et même le guide dans ce commerce occulte, son épouse Pilar.
Au milieu de toute cette abjection, on fait connaissance avec sa fille, qui l’assiste dans ces moments qu’elle sait être les derniers, et la jeune fille s’efforce de compenser les méfaits de son père par de multiples actions humanitaires, de racheter la conduite paternelle, d’autant que ce qu’elle découvre dans les écrits qu’il lui a laissés est encore au delà de ce qu’elle imaginait.
L’homme en fin de vie ne regrette rien, tente même de justifier ses faits et gestes, parce que si ce n’avait été lui , un autre l’aurait fait…Sans jamais prendre en considération les millions de morts qu’il devrait avoir sur la conscience.
Un talent immense pour le commerce, mis au service des actions les plus viles des décideurs pris au piège d’une boulimie d’un vain pouvoir.
C’est très instructif sur le plan historique, sur cette période qui couvre la fin du dix neuvième siècle et le début du vingtième. Un bel effort de documentation. et un personnage si détestable, qu’on reste marqué par ce roman.
Car le diable, que j'aurais dû reconnaître, ne m'a pas oublié lui. Il était là quand j'ai proféré mon premier mensonge, il était dans mes mots et sur ma peau, sur mon visage et mes yeux d’ange qui, déjà, prenaient un reflet d'acier. Il me possédait en permanence telle une seconde peau dans laquelle je me suis glissé avec délice. À la fin, il n'y a plus que lui et une immense solitude. La peur devant le gouffre et personne pour me venir en aide.
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La grossièreté a la vertu de traduire une idée, quand la vulgarité n'est que le reflet du vide intellectuel et du manque de vocabulaire.
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On vote comme on joue, convaincu de décider, c'est la magie de la démocratie. On joue pour repousser la misère et la médiocrité, de la même manière que l'on vote pour repousser l'ennemi de la démocratie. Mais cela ne fonctionne pas et finalement, personne ne s'en étonne au départ, personne n'y croit.
Jennifer Richard, née Jennifer Day Richard le 26 août 1980 à Los Angeles aux États-Unis, est une romancière franco-américaine. Elle est aussi documentaliste pour la télévision .
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