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L'enfant qui ne parlait pas ⭐️⭐️⭐️

 Marie Sellin




  • Éditeur : Librinova (15 avril 2021)
  • Langue : Français
  • Broché : 208 pages
  • #Lenfantquineparlaitpas #NetGalleyFrance










Les pages qui ouvrent ce roman offrent des phrases intrigantes, floues, répétitives  et peu construites. De quoi craindre pour la suite. Mais l’on est récompensé de sa curiosité et de la sensation désagréable du début de lecture en constatant que la langue se discipline, se cadre et l’on comprend que l’effet produit au départ est le reflet du flou qui règne dans l’esprit de cette fillette peu encline à s’exprimer et tenue à distance d’un bain de langage fondateur . 


« La mère aimait bizarrement la petite Madeleine, elle la protégeait des autres en silence, par un fil invisible qui imposait sa loi à tous les membres de la famille, y compris au père, quand il était présent. Personne ne devait faire de mal à cet enfant. Il arrive encore que Madeleine devenue adulte ait une hallucination, toujours la même : elle entend le silence qui l’unissait à sa mère. Entre elles  la langue était donc le silence mais un silence bavard qui parlait en secret à l’enfant. Personne ne connaissait la langue qui soutenait ce silence, et cependant cette langue pesait son poids dans le corps et le cerveau de l’enfant, c’est devenu une certitude  pour Madeleine »


De l’enfance à l’âge de femme, Madeleine entretient une relation complexe avec le langage, mais aussi avec les autres, et développe des mécanismes de protection qui l’enferment dans un isolement que ne trahit pas son attitude, même si elle est malgré tout perçue comme solitaire. 


Les années passent et l’on assiste l’éveil des sens et à une certaine ouverture sur le monde, malgré les difficultés à ouvrir grand la porte de ses ressentis, entravée par un secret de famille. L’écriture en sera-t-elle la thérapie ?


L’intérêt pour ce récit s’est développé avec la progression du récit, l’écriture connue des primevères pages prend tout son sens dans l’histoire. Malgré tout, une petite déception sur la fin, qui ne tient pas ses promesses.  


Merci à Netgalley et aux éditions Librinova 




Aujourd'hui elle se dit que sa joie d'alors traduisait une aptitude transmise par sa mère à produire un mouvement sensuel de vie à partir du point mort qui l'habitait, et en retour ce mouvement de vie que Madeleine représentait allégeait le poids mort qui habitait sa mère.

*

Il faisait grand soleil ce matin d'octobre. Le ciel était d'un bleu limpide. Hier il pleuvait des cordes. La lumière inondait la chambre, éblouissante, on n'y voyait pas grand-chose, les contours étaient flous. La sage-femme était allée à la fenêtre, elle avait tiré les rideaux de cretonne à fleurs. À l'extérieur une nuée de mouettes criaient, elles se posaient  les unes après les autres sur la terre labourée du champ d'en face. Un gros temps s'annonçait, disait-on. On entendait les vagues qui déferlaient contre les rochers.

*

"C'est une fille", dit le médecin. "Nom de Dieu ! Qu'est ce que j'ai fait au bon Dieu ! Pas possible, pas possible...!




Marie Sellin a toujours écrit, des essais ou des romans qu'elle n'a jamais souhaité publier. Ce qui n'est pas le cas pour "L'Enfant qui ne parlait pas".
Elle est germaniste de formation et a enseigné l'allemand pendant quelques années, puis elle a exercé la psychanalyse. Aujourd'hui elle écrit par plaisir et par nécessité














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