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Kentukis ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Samanta Schweblin




  • Éditeur ‏ : ‎ Gallimard (14 janvier 2021)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 272 pages
  • Traduction (Espagnol) Isabelle Gugnon











Science-fiction ou légère anticipation ? Les kentukis sont peut-être à nos portes, en cours de fabrication et prêts à envahir nos vies, le temps d’un engouement éphémère, comme pour tous ces gadgets que l’on a vu partout et qui ont fini sur les étals mornes de braderies de quartier.


Le kentuki, c’est un concept, enfermé dans une petite peluche, qui prend les traits d’un animal au choix, une gentille petite peluche. Cette merveille de technologie est équipée d’une caméra embarquée, ce qui signifie  qu’à partir du moment où elle est activée, elle va filmer tous vos gestes et transmettre images et dialogues à quelqu’un quelque part sur la planète, un illustre inconnu à qui il suffit de se connecter sur une appli. Avec une communication aléatoire et complexe entre vu et voyeur.


L’auteur nous repose de suivre plusieurs aficionados de cet espion 3.0 et surtout d’analyser à travers différentes situations les conséquences éventuelles d’une telle intrusion dans la sphère privée des propriétaires de kentukis.


C’est assez vertigineux et flippant. A la fois sur la fragilité de nos désirs induits de consommateurs aveugles, et sur les conséquences de l’exposition de la vie intime, comme une escalade que les réseaux sociaux ont amorcée.


C’est parfois dérangeant, mais en tout cas très efficace. Un roman marquant. Et je remercie les voix du podcast Bibliomaniacs pour avoir attiré mon attention sur ce livre.





La première chose qu'elles firent, c'est montrer leurs seins. elles s'assirent toutes les trois au bord du it, face à la caméra, retirèrent leurs T-shirts et l'une après l'autre, dégrafèrent leurs soutiens-gorge. 

*

Une camionnette passa tout près du kentuki, tirant Marvin de sa contemplation. Il traversa et se dirigea vers le port. Ce qu'il voulait, ce qu'il aurait demandé si on lui avait proposé de formuler un vœu, c'est d'atteindre la neige. Mais un kentuki ne pouvait escalader les versants de montagne, qui paraissait proche même s'il savait qu'elle se trouvait à des kilomètres de là. Il monta sur un terre-plein s'élevant à sa droite. Il se tenait à quelques mètres de la plage. Marvin regretta que le Kentucky ne puisse rien emporter, car il y avait des coquillages et  toutes sortes de petites pierres. Il aurait aimé rapporter quelque chose à la femme, trouver de quoi la remercier de lui avoir accordé sa liberté.






Samanta Schweblin est née à Buenos Aires en 1978. Son premier livre de nouvelles paraît en 2002 et en 2008 Des oiseaux plein la bouche reçoit le prix Casa de las Americas. Traduite et publiée dans une dizaine de pays, elle a été reconnue par la revue Granta comme l'une des meilleures narratrices de langue espagnole. (Source : Babelio)














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