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Les Aquatiques

 Oswalde Lewat




  • Éditeur ‏ : ‎ Les escales éditions (19 août 2021)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 304 pages

Explorateurs de la rentrée littéraire 2021
Lecteurs.com







Du haut de ses treize ans, Katmé n’a pas versé une larme le jour lors de l’enterrement de sa mère, témoignant de la rancune envers cette femme qui l’avait abandonnée. Des années plus tard, dans ce pays imaginaire d’Afrique subsaharienne, elle quitte son poste de professeur « Bonne sauce », autrement dit enseignante d’économie ménagère au lycée, pour revêtir le costume de « Madame Préfète ».  Son ambitieux mari envisage de procéder à une nouvelle cérémonie, avec le faste qui avait manqué la première fois aux funérailles bon marché. Derrière cette volonté de réhabilitation, se dessinent les tractations d’une campagne électorale qui pourrait le hisser au rang de gouverneur. Samuel, le frère de coeur de Katmé, l’artiste à la sensibilité exacerbée, pourrait représenter un obstacle sur le chemin de gloire du politicien : dans ce pays où l’homosexualité est sévèrement punie, les moeurs contre nature du jeune homme déchainent les passions.

 

Entre tradition et modernité, c’est un portrait de l’Afrique du vingt-et-unième siècle que nous propose Osvalde Lewat. A travers le portrait et les confidences d’une jeune femme qui choisit de rejeter toute forme de compromission, dût-elle pour cette raison subir l’opprobre de ses proches, c’est aussi un état de lieux du fonctionnement politique du pays, et la campagne électorale en exacerbe les aberrations.

 

Si le propos est parfois drôle, grâce aux dialogues qui mettent en valeur les expressions imagées et fleuries qui sont un vrai bonheur, le récit est loin d’être mièvre et la violence n’est pas occultée.

 

Le message est clair : il est une génération de femmes qui souhaitent se débarrasser du carcan des traditions qui relèguent les épouses au rang de faire-valoir de leur mari, avec une volonté réelle de vivre selon leurs aspirations personnelles.

 

Un premier roman au franc-parler remarquable.




Chapeau au salon, clés dans la corbeille de fruits, cravate sur le canapé, chaussures dans le salon télé, slip sur le carrelage  de la salle de bain, montre au chevet du lit des filles quand il les mettait au lit, chaussettes abandonnés sur le plan de travail de la cuisine. Je ramassais. Une fois, j'avais oser le reprendre. Ses affaires, m'avait-il rabrouée, il les laissait traîner chez lui, et non ailleurs comme nombre de ses amis. Je l'avais bouclé. C'était un argument de taille au Zambuena.

*

Comment entame-t-on une carrière dans l'adultère ? En choisissant le lieu du crime et les armes comme les gangsters ? À quel niveau de mensonges, de distorsion de la vérité faut-il se préparer ? Le bec de lièvre d'Alexandre, le ronflement de la chair, en éprouver l'épaisseur, la dureté, ses lèvres fines sur les miennes, le contact de ses lèvres, vision fragile et pesante des ailes d'un papillon de fer.

*

Exactement cinquante-six secondes après le retour dans la cour, elle en voulut méchamment à Bambili d'avoir préparé le gâteau à la mangue en forme de cœur, elle en voulut à Tashun de laisser Samy croupir en prison, elle en voulut à cette fiente de corbeau noir de Maman Caramel de ses manigances, à Tropiques Matin de ses articles de merde, et elle s'en voulut méchamment pour son irraison. 





Née au Cameroun, Osvalde Lewat est photographe d'art et réalisatrice de films documentaires plusieurs fois primés. 
Elle vit à Paris.
Les Aquatiques est son premier roman. (Source: Babelio)


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