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 Natasha Tretheway



  • Editeur ‏ : ‎ OLIVIER (19 Août 2021)
  • Langue ‏ : ‎ French
  • Traduction (Anglais) : Céline Leroy
  •  ‎ 224 pages








Natasha Trethewey est professeure d’université, poètesse reconnue, prix Pulitzer de la poésie en 2007, et métisse. Fille d’un poète canadien et d’une travailleuse sociale, dont le mariage se terminera rapidement, elle sera témoin et victime de la violence de son beau-père, et perdra sa mère à l’âge de 19 ans assassinée d’une balle dans la tête.


Cet épisode de sa vie, profondément traumatisant, elle le met entre parenthèse, une longue parenthèse, entre le meurtre et la décision d’affronter la vérité : années oubliées, comme "calées entre deux serre-livres", attentive à ne pas y toucher. 


Mais le passé est là, même occulté, même ignoré et revient malgré tout sous forme de rêves, ou de flashs qui portent en eux un appel au souvenir, ou de malaises physiques inexpliqués : 


« Bien sûr, nous sommes faits de ce que nous avons oublié, de ce que nous avons cherché à enterrer ou à retrancher. Une part d’oubli est nécessaire et l’esprit travaille à nous protéger de ce qui est trop douloureux ; cela n’empêche pas certains aspects d’un traumatisme de vivre dans notre corps et de se manifester de façon impromptue. »


A travers cette en(quête), c’est l’enfance qui surgit, celle d’une enfant qui subit les affronts racistes les plus vils, les Etats du sud n’ayant pas intégré la légalité des mariages mixtes. 


Les souvenirs affluent, ceux qui ont réellement laissé leur empreinte dans sa mémoire et ceux qui résultent de la mémoire collective familiale, tant racontés qu’ils se sont intégrés et laissent l’impression d’avoir été vécus.


Ce retour nécessaire même s’il est douloureux n’est pas une chemin lumineux, la douleur modifie l’écriture, ainsi certains épisodes nécessitent le recours à la deuxième personne, pour mettre distance l’indicible.


L’écriture exorcise le malheur, et elle est le sens même de cette histoire : 

« La mort de ma mère est rachetée par l’histoire de ma vocation, lui donne un sens au lieu de faire quelque chose d’insensé. C’est l’histoire que je me raconte pour survivre. »


Une plume sensible, à vif, illustre ce drame, et porte aussi la parole de toutes ces femmes victimes de violence conjugales. 



 Bien sûr, nous sommes faits de ce que nous avons oublié, de ce que nous avons cherché à enterrer ou à retrancher. Une part d’oubli est nécessaire et l’esprit travaille à nous protéger de ce qui est trop douloureux ; cela n’empêche pas certains aspects d’un traumatisme de vivre dans notre corps et de se manifester de façon impromptue.

*

Tu l'entends émaner de l'espace le plus intime de tous, la chambre à coucher. Ta honte et ta tristesse redoublent. Dans les mots de ta mère, tu entends la supplique pour qu'il s'arrête. Tu entends son espoir éperdu qu'en sachant que tu sais, qu'en sachant que tu écoutes, il mettra un terme aux sévices. Comme si le fait d'être une enfant, de n'être qu'en CM2, changera quoi que ce soit. Et là, tu sais que tu es impuissante.

*

La mort même de ma mère est rachetée dans l'histoire de ma vocation, lui donne un sens au lieu d'en faire quelque chose d'insensé. C'est l'histoire que je me raconte pour survivre.






Natasha Trethewey est américaine et  a obtenu le Prix Pulitzer en 2006 puis fut Poet Lauréate en 2012 et 2013. 
























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