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Le rapport chinois ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Pierre Darkanian




  • Éditeur ‏ : ‎ ANNE CARRIERE (20 août 2021)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 298 pages





Tout commence comme dans un rêve pour Tugdual Laugier, un recrutement rapide, au sein d’une entreprise qui semble prospère, un salaire conséquent et une consigne fondamentale, la discrétion. Quant au job, il faudra des heures  de massacre de crayons à papier, d’auto-challenge de buchettes de sucre englouties, et d’ingestions de cravates enroulées pour que se pointe une vraie tâche : la rédaction d’un rapport ! 

Ce n’est pas un tir-au flanc, Tugdual, alors il y met tout son savoir faire, c’est à dire le copié-collé !


La description de cet univers absurde et il faut l’avouer hilarant se traduira dans la deuxième partie du roman par une toute autre réalité…


C’est un roman malin, qui sait révéler peu à peu son but, et qui tient autant de la farce désopilante, que du polar sur fond de trafic international. Mais toujours avec dérision et humour. 


Les personnages sont drôles, par leurs excès et leur talent pour rebondir sur les incohérences du système, avec des réactions aussi stupides qu’irrationnelles.


Un premier roman dont j’ai vraiment aimé le ton décalé.




Pour intégrer le cabinet Michard & Associés, Tugdual Laugier avait dû passer deux tests de recrutement que le chasseur de têtes avait respectivement intitulés « test productif » et « test d’aptitudes ». Le premier consistait à rédiger en une semaine un mémoire d’une trentaine de pages, sur le thème du « rouleau ». Il s’agissait d’un exercice classique conçu par les recruteurs afin de jauger le comportement du candidat dans une situation de stress. Sans aucune information complémentaire, mais sans se laisser déconcerter, Tugdual avait planché sur le rouleau à pâtisserie, le rouleau de scotch, le rouleau compresseur, les rouleaux du Pacifique, les rouleaux de printemps, le rouleau de peinture, le rouleau à gazon, et il parvint même à trouver une problématique commune à tous ces rouleaux, à savoir la question du déroulé, et surtout à se passionner pour son travail. Fier de son ouvrage, Tugdual remit, dans les délais impartis, un mémoire de cent cinquante feuillets entre les mains du chasseur de têtes qui l’adressa à son tour aux recruteurs de Michard & Associés, non sans avoir pris soin de le féliciter pour son « très beau boulot » bien qu’il ne l’eût pas lu. Tugdual n’en entendit plus jamais parler.

*

Trois ans s’étaient écoulés sans que personne fût jamais entré dans son bureau, et voilà qu’un associé venait de lui confier l’élaboration d’un rapport ! Et dans quel délai ! Vendredi. Moins de quarante-huit heures pour expliciter les grandes lignes d’un rapport dont il n’avait compris ni le thème, ni le but, ni le sens. Rien.

*

Ce brusque changement de ton eut l’air de surprendre ses interlocuteurs, ce qui l’amusa au plus haut point. Commençaient-ils à se douter que leur petit manège avait été découvert ? qu’à trop prendre le père Laugier pour un jambon, on se retrouvait à ne plus savoir qui démêlait le lard du cochon ? Tugdual observa avec malice la mine interloquée des deux enquêteurs. Comme il avait retourné la situation, le Laugier ! Relot apprendrait bientôt que son consultant avait joué à l’arroseur arrosé avec les deux clowns qu’on lui avait envoyés. En face, Dupond et Dupont s’écrasaient dans leur banquette comme deux pantins auxquels on a coupé les ficelles. À son tour de les torturer un peu.





Pierre Darkanian
a 40 ans et est avocat. Le Rapport Chinois est son premier roman. 

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