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La fille qu'on appelle ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Tanguy Viel




  • Éditeur ‏ : ‎ MINUIT (2 septembre 2021)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 176 pages








Quelques lignes suffisent pour reconnaître le style particulier de l’écriture de Tanguy Viel, même cinq ans après Article 353 du code pénal. C’est le même phrasé, la même mélodie. 


C’est aussi avec le même procédé que dans son roman précédent que l’on  découvre l’histoire, pour un sujet tout autre : Laura est au commissariat pour porter plainte.  Elle déclare avoir subi l’emprise d’un homme politique connu, promu de la mairie au ministère. S’il n’y a pas eu viol à proprement parler, puisque jamais la jeune femme n’a pas clairement dit non, elle n’a pas eu le choix et veut en convaincre ses interlocuteurs. C’est d’autant plus difficile que cette jolie fille a posé quelques années plus tôt dans un de ces magazines que l’on ne peut atteindre dans les kiosques que si l'on est grand ou dressé sur ses pointes de pieds, et plus récemment, sa plastique parfaite a orné les panneaux publicitaires de la ville.


Ce sont des prédateurs, des hommes puissants qui tirent les ficelles. Avec la question sous- jacente : est-ce le pouvoir qui génère les prédateurs ou est-ce cette appétence de la prédation qui les mène au pouvoir ?



Le  mécanisme de l’emprise qui est exploré avec beaucoup de finesse, mais le roman ne se limite pas à ça, car c’est aussi l’histoire d’une vengeance  spectaculaire, qui va laver l’affront mais aussi dévoiler la pudeur d’un amour filial mis à mal pour de mauvaises raisons. 


Belle critique du cynisme des hommes de pouvoir mus par leurs instincts les plus bas et démonstration de la complexité de la notion du consentement. 





Personne ne lui avait demandé comment elle état habillée ce matin-là mais elle a tenu à le préciser, qu'elle n'avait pas autre chose à se mettre que des baskets blanches mais savoir quelle robe ou jean siérait à l'occasion, idem du rouge brillant qui couvrirait ses lèvres , elle y pensait depuis l'aube.

*

...depuis son élection c'était son rôle de connaître "les gens", de les aimer, de se faire croire qu'il les aimait, à moins que, oui, c'était possible aussi, il ne s'aimât lui-même en train e les aimer.

*

A force de coups reçus, c'est connu que ça les menace toujours, les boxeurs, devenir hagards ou débiles, et alors en vieillissant, il y a comme une vitre opaque qui se forme entre le monde et eux, à travers laquelle saisir seulement des ombres, rien d'autre que des volumes et des masses comme on dit de certains animaux dans la nuit.






Tanguy Viel est né en 1973 et publie son premier roman, Le Black note à 24 ans. De nombreux suivront dont La disparition de Jim Sullivan en 2013 et Article 353 du code pénal en 2017.





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