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Les Envolés ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Etienne Kern




  • Éditeur ‏ : ‎ GALLIMARD (26 août 2021)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 160 pages








C’est à partir d’un fait divers tragique qu’Étienne Kern a bâti ce roman. En 1912, un homme s’élance du premier étage de la Tour Eiffel pour expérimenter son invention, un parachute. Le drame se déroule devant une foule de badauds et de journalistes venus assister à une performance dont l’issue ne laisse pas de doute, d’autant que les tentatives précédentes, avec un mannequin, ont les unes après les autres échoué malgré les améliorations successives du prototype. 


Qui était ce fou volant, dont l’histoire s’inscrit au coeur de cette émulation inventive du début du vingtième siècle ? Quelles motivations l’ont conduit au terme de cette démarche ? Son sens de l’amitié, ses amours complexes , son histoire familiale ou un rêve de gloire ? 


C’est ce que le roman va tenter d ‘élucider tout en établissant des parallèles avec des éléments biographiques de l’auteur lui-même qui sont une clé de compréhension pour expliquer cet intérêt pour le sujet. Car elle est au coeur de ces pages, l’amie disparue, celle dont l’envol, contrairement à celui du tailleur, a suivi la chute, volontaire, pour quitter ce monde  devenu trop pesant, avec de nombreuses questions sans réponse.


C’est un récit tout en délicatesse, où l’on perçoit l’empathie et le souci de comprendre ces gestes fous.


Ce premier roman parvient en peu de pages à explorer avec tact et compassion un fait divers cruel et énigmatique,  tout en rendant hommage à un être cher. 




Tu as les yeux fermés, les bras ballants, la tête légèrement penchée. Tu portes une large casquette, des gants, des souliers vernis, une combinaison de couleur sombre qui fait comme une bouée au dessus de tes épaules. Tu es l'image de la douceur. On dirait l'artiste qui, au moment de saluer son public, chavire sous le poids d'un amour débordant. 

*

4 février 1912, au petit matin. Une trentaine d personnes s'étaient rassemblées là, devant la Tour Eiffel. Des policiers, des journalistes, des curieux. Tous levaient les yeux vers la plateforme du premier étage. De là-haut, le pied posé sur la rambarde, un homme les regardait. Un inventeur. 
Il avait trentre-trois ans. Il n'était pas ingénieur, ni savant. Il n'avait aucune compétence scientifique et se souciait peu d'en avoir.
Il était tailleur pour dames.

*

Vers cette époque là, plusieurs aviateurs moururent coup sur coup. Ce fut d'abord, à Antibes, un jeune officier dans le biplan s'était abîmé en mer ; à Pau, le même jour, un mécanicien tué par l'explosion d'un moteur ; au Mans, la nuit d'après, un pilote qui n'avait pas pu s'extraire de l'appareil et qui, blessé par un éclat métallique, s'était vidé de son sang.
 Les journaux en firent leurs gros titres. D'article en article, on rendait hommage aux vaillants pionniers qui avaient si bien mérité de la patrie. On écrivait qu'ils étaient morts au champ d'honneur du progrès. On consacrait une ligne ou deux aux veuves, aux enfants. La colonne d'à côté parlait de la canicule, d'une lotion capillaire, des élections.






Né en 1983, Etienne Kern est professeur de lettres en classes préparatoires, auteur et co-auteur d'essais sur la langue française et la vie littéraire.
Les Envolés est son premier roman




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