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Un homme pareil aux autres ⭐️⭐️⭐️

 René Maran



  • Éditeur ‏ : ‎ Editions du Typhon (24 août 2021)
  • Langue ‏ : ‎ Français
  • Broché ‏ : ‎ 224 pages
  • Explos Rentrée 2021 
  • Lecteurs.com






La mort dans l’âme, Jean Veneuse quitte la France à bord d’un paquebot, à destination de l’Afrique, où il est affecté par l’administration qui l’emploie. Nous sommes en 1920 . Il a laissé à Paris une femme dont il est amoureux, sans lui avoir déclaré sa flamme. Il faut dire que l’homme se montre réticent à lier connaissance avec son entourage, anticipant d’éventuels réactions racistes : son origine antillaise et les préjugés qui pèsent sur les étrangers l’ont rendu très prudents.

 

Au cours du voyage, il retrouve un ancien camarade de jeunesse. Ce dernier lui présente  une jeune femme qui tentera de le séduire, en vain, son coeur est pris par sa belle .

 

Une partie du récit est consacré aux escales du voyage, se limitant cependant à quelques anecdotes et une énumération des endroits abordés ou aperçus au loin, et à moins d’avoir connu ces rivages coloniaux, c’est assez peu évocateur.

 

Les liens avec sa bien aimée sont épistolaires et les lettres échangées, reproduites dans le roman, sont des aveux d’amour partagé, un amour fou, qui évoque une passion adolescente torride et romantique !

 

On en saura par contre assez peu sur le rôle qui lui est attribué auprès de la population locale, et sur les relations qui se tissent à cette occasion, et c‘est dommage car son statut d’africain d’origine, en référence à ses lointains ancêtres, et son rôle  d’administrateur créent une ambiguïté qu’il aurait été interessant d’analyser.

 

L’écriture est désuète. Qui sait  encore aujourd’hui ce que sont des alpargates ? Datées aussi certaines expressions utilisées dans les dialogues et les termes désormais politiquement incorrects de nègre ou négrillon.

 

L’auteur a surement été un écrivain de talent, on en veut pour preuve les descriptions superbes de coucher de soleil. Il nous confie aussi son mal-être, ses difficultés de vivre sa différence et ses craintes permanentes de ne pas être à sa place.

 

Malgré tout, je n’ai pas été totalement séduite par le roman, en raison de son ancienneté. Ce roman a en effet été publié pour la première fois de 1947, d’un auteur ayant été lauréat du prix Goncourt en …1921 pour Batouala ! Réédité cette année, il fait donc partie des parutions de la rentrée 2021 !




Je sais à présent que ni l'éducation ni l'instruction ne prévalent contre les préjugés de race. Je sais que la plupart de mes chefs n'ont jamais voulu voir en moi qu'un nègre, qu'un "sale nègre", qu'il fallait tenir à l'écart, briser,  humilier ; qu'un "sale nègre" indigne du moindre avancement et, malgré sa tenue, ou peut-être à cause d'elle, de toute considération.

*

Il est presque rendu au point de chute de sa trajectoire. L'idée s'impose à moi qu'il ressemble à un condamné à mort qu'on mène à la guillotine. Le voici au pied de l'échafaud. L'infini l'aide à basculer dans la lunette de l'horizon, qui appuie sur le déclic du crépuscule. La tête du soleil tombe dans le grand panier de la mer. Alors, docile à un mimétisme étrange, tout le ciel, à ras de flot, s'ensanglante .

*
Douceur de la solitude où l'on a « sommeil de mourir », tranquillité de la maison familiale où les derniers sons de l'angélus mettent longtemps à s'éteindre, c'est la vie quotidienne d'une sous-préfecture girondine accoutumer à sa mélancolie ripuaire.





René Maran, né à Fort-de-France, Martinique, le 8 novembre 1887, mort à Paris le 9 mai 1960, est un écrivain français d'origine guyanaise, prix Goncourt 1921.









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