Guillaume Collet
Il est serveur. Pas par goût mais par nécessité, pour payer son emprunt et profiter d’un repas sur place. Alors il intègre les codes, la tenue, le maintien et l’art de prendre une commande en ignorant les travers des tablées.
Jusqu’à ce qu’un geste malheureux le propulse vers un autre emploi précaire, mais encore une fois nécessaire. Sa passion, le cinéma ne pourra s’accommoder que des moments libres.
C’est ainsi que peu à peu le champ des possibles se réduit, alors que lui même devient trop maigre pour ses vêtements habituels
Au loin, la révolte gronde, les émeutes éclatent, bruit de fond de ce tableau d’une misère ordinaire.
C’est un roman gris, où en dehors de quelques descriptions de ciels inquiétants, ne passent aucune sensation, ni odeur, ni goût. La faim ne s’accommode pas de richesses gustatives.
Chronique déprimée d’une époque que l’on ressent comme actuelle, où la déshumanisation et la lutte pour la survie s’inscrivent dans un décor aliénant.
Merci à Netgalley et aux Editions Les Avrils
144 pages Les Avrils 9 mars 2022
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Il n’y connait rien. Dans le doute, il sourit. A force de paraître inoffensif, il va le devenir. Machinalement, il rentre le ventre et avance. C’est la première fois qu’il travaille dans un restaurant.
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Il travaille pour rester là, dans sa ville. Il préfère finir sa jeunesse à domicile et rêve peu d’ailleurs. Rien ne peut être terrible chez soi.
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Plus que la violence du film, il s’inquiète des taches , à la fois sombres et fluorescentes, jaunes, roses et noires qui irradient quand il regarde le côté le plus sombre de la nuit. Un oeil, puis l’autre. Elles se déplacent soit par à-coups, soit en glissant. C’est beau, on dirait des villes vues de très haut.
Guillaume Collet a trente ans et vit à Paris. Aujourd’hui scénariste, il a été vendeur, ouvreur ou encore veilleur de nuit. Les Yeux de travers est son premier roman.
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