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L'excuse ⭐️⭐️⭐️

 Luis Seabra











La scène initiale pourrait faire penser au début d’un roman post-apocalyptique. Une catastrophe est arrivée, la famille de Vassili s’est réfugiée à la cave. Mais les jumelles manquent, confiées à leur grand-mère. Vassili doit les récupérer, au prix d’un périple qui réserve bien des surprises. Ce sont en effet des rêves chaotiques qui surgissent dans l’esprit embrumé de l’homme, alors que sa voiture est immobilisée par une crevaison. Et au coeur des rêves, des injonctions d’actions à accomplir lors de son réveil, tandis que des ennemis aussi spectraux que puissants et intimidants s’affrontent dans ce délire onirique. 


L’histoire se construit ainsi tant bien que mal, noyant le rêveur autant que le lecteur, tant les retournements de situation et les allégations de personnages sont omniprésents et déroutants.


On pense un peu à Boulgakov, avec la folie démoniaque du Maître et Marguerite, sauf que l’humour s’immisçait dans les diableries, ce qui n’est pas vraiment le cas ici. Quelques allusions politiques émaillent le récit, noyées dans le magma de du récit abracadabrant. 


Je n’ai pas vraiment adhéré au procédé narratif, déroutant puis ennuyeux dans sa répétition obsédante et délirante. 


272 pages Rivages 12 janvier 2022



À  Solotsk le faubourg de Krasnoïarsk où je vivais, tout était calme. Il y régnait une douceur inhabituelle pour la saison. Je rentrais de ma promenade matinale avec mon petit garçon. J'avais encore en mémoire son sourire mutin, son regard espiègle. 
« Papa pourquoi les balançoires ne montent jamais jusqu'au ciel ?
– Et pourquoi, Yvan, le ciel ne descend-il pas jusqu'aux balançoires? »
Il me fixa d'un air complice. J'ai compris qu'il avait saisi le sens énigmatique se cachant derrière ces mots.


*


De sa bouche déformée et de ses lèvres ensanglantées ruisselèrent tour à tour, lentement, comme dans un abominable enfantement, les deux têtes blondes de Nina et Zenia. Roulant sur sa soutane, elles tombaient l'une après l'autre comme des fruits mûrs sur des grandes paumes ouvertes, toutes deux gantées de rouge. Aussitôt après, la lourde phase de Sergueï pivota sur son axe à cent quatre vingt degrés, découvrant le cher visage de Sara, nimbé dans un halo doré comme une icône.







Ancien élève de l'École normale supérieure, Luis Seabra est pianiste-compositeur, et professeur de piano. 

L'excuse est son deuxième roman.


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