Abonnés

Les écailles de l'amer Léthé ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

Eric Metzger 










Derrière ce titre énigmatique, convoquant des figures mythiques de monstres légendaires, en raison des écailles et du nom de l’un des cinq fleuves des enfers, se cache un être beaucoup plus prosaïque. Lors d’une visite dans une animalerie, le narrateur s’est laissé convaincre d’acquérir un combattant, ce poisson condamné à la solitude en raison de son agressivité envers ses congénères. La cohabitation avec ce compagnon silencieux se fait sans remous, pour finalement se transformer en une relation particulière. En effet, le combattant semble apprécier la lecture à voix haute !


Le discours tenu par ce narrateur est étrange, et c’est peu à peu que l’on découvrira ce qui se cache derrière les maniaqueries et l’évitement de ses pairs. Solitaire comme un combattant, l’agressivité en moins, et contraint à une organisation méticuleuse de son quotidien, un cadre rassurant pour masquer ce qui ne peut être dit. Jamais d’ailleurs il n’évoque les maux du passé, ce sont les bribes de conversation rapportées qui construisent le décor que cet homme veut ignorer. On comprend aussi que Léthé n’est pas ici  le fleuve mais la déesse de l’oubli.


Et c’est très drôle ! L’argumentation utilisée par le narrateur pour donner un sens à ce qu’il vit ne manque pas d’audace. Ce qu’il nous rapporte de ses échanges avec son psy qu’il pense rouler dans la farine en lui racontant deux ou trois fables familiales autour d’histoires de papa et de maman, tout cela prête à sourire, même si l’on ressent l’angoisse sous jacente.


Ce roman est aussi un hymne à la littérature : plus de quarante auteurs, de Baudelaire à Dante, en passant par Zola et Proust sont évoqués à travers un florilège de citations et de passages, ceux qui sont lus au poisson attentif. Un belle revisite des classiques !


L’humour s’insinue jusque dans la dernière page, qui, à défaut de playlist, nous décline la liste des crus dégustés en cours d’écriture.


Un roman à la fois léger et profond, qui utilise la dérision pour parler de la solitude et de la détresse qui découle des accidents de la vie. 


208 pages L’olivier 4 mars 2022

Sélection POL 2022





Curieusement, on évoque souvent le fruit du hasard, mais jamais l'arbre sur lequel il pousse. Des milliards de branches dispersées au-dessus de nous sans doute, avec pour immense tronc l'univers noir aux racines passionnées.


*


Soyons très clair, le monde est fou. Pour vous le prouver, ces trois faits imparables :

les guerres

Les colorants et les additifs

Les gens qui passent en moyenne par jour trois heures par jour, la tête penchée sur un écran de téléphone. 


*


Je considère mon passé comme enterré et je n’ai aucune envie de l’extraire de mon coeur. Pour en faire quoi de toute manière ? Trop encombrant. Durant les premières séances, j’avais tenté d’en éloigner mon psy, mais il ne se laissait pas faire et y replongeait immédiatement. Pas évident de maintenir un bon équilibre entre mon confort et le sien.


*


A la moindre pandémie, ils se précipitent dans les supermarchés pour dévaliser tous les rouleaux de papier toilette à disposition, ça pose son humain. Très étonnant d’ailleurs comme réflexe, cette peur d’avoir les fesses sales. Les mains sales, en revanche, ça ne dérange personne. La fin justifie les moyens, n’est-ce pas ? 


*


Lire les notices de chauffe-eau a moins d’intérêt que parcourir un roman. Ce n’est pas forcément une question de style, il y a des notices de chauffe-eau qui se défendent drôlement bien et qui n’ont pas à rougir de la comparaison avec certains romans, mais en revanche, en ce qui concerne l’intrigue, ça reste un peu plat 



Eric Metzger travaille  à Canal Plus. Il est l'auteur de 5 romans

 



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Article le plus récent

Le nain de Whitechapel ⭐️⭐️⭐️

Articles populaires