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Jour bleu ⭐️⭐️⭐️⭐️

Aurélia Ringard 











Gare de Lyon. Elle attend le train de 13h17, assise à une table de restaurant. Autour d’elle, la foule déambule ou s’arrête, offrant des bribes d’existences qui resteront secrètes. Cette passivité qui guette la ramène à d’autres trains, d’autres gares, d’autres séparations ou retrouvailles. L’anonymat se dissipe parfois le temps d‘un sourire échangé ou d’une connivence rêvée, égrenant les minutes qui la rapprochent de ce rendez-vous tant espéré, et que le soupçon d’incertitude pimente d’une angoisse latente. 


Peu adepte des récits introspectifs, j’ai cependant été immédiatement happée par cette écriture qui dit si bien l’universalité de nos ressentis. L’on se reconnait dans chaque paragraphe, dans l’enfance évoquée, dans les souvenirs parfois incertains. On se prend à attendre aussi cet homme croisé trois mois plutôt et qui n’a laissé qu’un horaire de train sur un bout de papier. Sera-t-il présent ? Comblera -t-il l’attente et la promesse d’un partage futur? 


Les champs/contre-champs qui alternent dans le monologue de la narratrice et une mise à distance du personnage qui devient l’observée, donnent un rythme et du relief au texte, comme le fait l’alternance du présent et du passé.



Très beau premier roman, à l’écriture envoutante, à lire et même relire.



186 pages Frison-Roche 15 juin 2021

68 premières fois 2022








Des cravates de travers, des regards cernés, des émotions silencieuse, des dossiers sous les bras, des baisers par-dessus les vitres, des mèches de cheveux rebelles, de l'avidité, du chagrin, de l'ambition. Tout est là et rien ne s'arrête jamais. Les voyageurs des gares disent tout avec le rythme de leurs pas et le volume de leurs sacs. Chacun porte en soi des dizaines d'histoires à raconter. En imaginant les destinées, elle a l'impression d'influer sur le cours de leur existence.. L’acte de témoigner ne lui semble jamais vain.


Ce n'est plus qu'une impression : autour d'elle, du monde, de plus en plus, des valises, des mallettes, des manteaux à la main, le bruit saccadé des talons frappant le sol, des départs et des destinations. Sur la grande horloge, l'aiguille du temps brille et progresse, imperturbable. Les numéros des quais s’affichent, les sonneries retentissent et une foule matinale et compacte se met en branle. Le mouvement semble continu et prend de la vitesse. Les ombres se bousculent. Peu importe où ils vont, ces hommes et ces femmes sont déjà ailleurs.

 



 


Née en Bretagne, à Guingamp, Aurélia Ringard a d’abord vécu à Washington, aux États-Unis, et à Paris avant de s’installer à Nantes. Diplômée en pharmacie, elle se consacre aujourd’hui à sa passion pour les mots et la littérature. Elle anime des ateliers d’écriture et participe à l’organisation d’événements pour la promotion de la lecture. Suite à sa participation à un concours organisé par l’école d’écriture Les Mots, ce texte reçoit le coup de cœur du jury. Aurélia signe ici son premier roman.  


 



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