Isabelle Carré
Destinées en miroir, recherche d’un ailleurs, qui se dessine lorsque le passage à l’acte élargit le champ des possibles.
Elisabeth ne se satisfait plus d’une vie de couple centrée sur le désir de maternité. Malgré tout, elle franchit les frontières du rêve lorsqu’atterrissant dans un aéroport du sud-ouest de la France, elle se substitue à une Emma qu’un chauffeur de taxi attendait. Exit sa vie d’avant, son travail, son couple, ses parents. Elle est devenue Emma, baby-sitter, photographe ornithologue par passion.
La jeune femme n’est pas insensible au charme de Marc, qui squatte comme elle après ses tâches de la journée, le café de la Providence.
Alors qu’on s’est bien installé dans cette histoire, démarre une autre récit, pendant le premier confinement, en Bretagne, alors que les familles vivent en vase clos au rythme des sorties d’une heure, justifiées par une attestation dérogatoire. Le huit-clos décrété laisse peu de place pour les secrets et La narratrice surprend une conversation téléphonique hautement douteuse. A la recherche d’un moyen radical pour neutraliser sa rivale, la jeune femme nous entraine entre rêves et réalité.
Mais on retrouve Elisabeth Emma et on assiste à la fin de l’aventure.
C’est assez confus. L’histoire d’Elisabeth-Emma est assez invraisemblable. L’alternance permanente des rêves, de l’imagination et d’une certaine réalité n’est pas des plus heureuse. Ce procédé marche sans doute mieux sur les écrans. On perçoit d’ailleurs la dimension cinématographique du récit.
Peu séduite par l’écriture, je garde une impression de flou et d’histoires inabouties.
288 pages Grasset 30 mars 2022
#Lejeudessi #NetGalleyFrance
Sur la chaussée, un dernier chauffeur agitait désespérément sa tablette électronique dans ma direction. Plus encore que ses gesticulations, c’est le nom inscrit sur l’écran qui m’arrêta : Emma Auster. Je venais de finir le dernier roman de Paul Auster. Comme nombre de ses lectrices, j’avais rêvé de lui au fil des pages. Me perdre dans les méandres de son esprit compliqué m’attirait davantage que ses yeux bleu glacier… Et soudain ce fut une évidence. J’allai jusqu’au chauffeur, puis affirmai en désignant sa tablette : « C’est moi. » D’une voix ferme et résolue : « Oui monsieur, c’est pour moi. »
*
Durant mes nuits d’insomnie, je lui envoyais mentalement de longues lettres. Alternant suppliques et menaces, j’y invoquais toutes les raisons possibles pour qu’Elle s’éloigne. Je prenais plaisir à imiter le vindicatif Ignatius de La Conjuration des imbéciles, tâchant de tourner au mieux mes réclamations. Mes démonstrations se devaient d’être imparables. Il y en avait tant ! De quoi en faire un ouvrage.
Isabelle Carré est une actrice française, née le 28 mai 1971 à Paris. Elle est l'auteure de "Les rêveurs", paru en 2018, et "Du côté des Indiens", en 2020.
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