Christian Niemec
Ludovic Manchette
Après Alabama 1963, dont l’action était concentrée sur la ville de Birmingham, les auteurs nous convient à un voyage conséquent de Philadelphie à Los Angeles. En compagnie d’une toute jeune fille de douze, treize, quatorze et pourquoi pas quinze ans, selon son interlocuteur. Amy part à la recherche de sa soeur, qui a quitté l’ambiance délétère de la maison familiale pour réaliser son rêve, devenir playmate dans un célèbre magazine.
Partie avec quinze dollars qui lui seront rapidement subtilisés, Amy se lance dans un périple qui nous fait trembler pour elle, à chaque rencontre. Pourtant, sa bonne étoile la protège et elle évitera le pire. Au contraire, elle croise sur sa route des personnes bienveillantes, qui veilleront sur elle tout en lui ouvrant les yeux sur un univers plus large que le milieu étriqué et aviné d’où elle vient. Jusqu’à croiser sur sa route d’illustres inconnus, futures stars mondiales.
Le personnage d’Amy est bien sûr très attractif, et on partage ses interrogations, ses tourments tout en admirant l’obstination qui la guide et qui lui offre des opportunités assez extraordinaires qu’elle aurait pu, par timidité ou défiance, manquer.
Retrouvera-t-elle sa soeur? C’est le mystère, bien gardé jusqu’à la fin. Quelle que soit l’issue, la jeune fille aura en main les clés pour choisir sa vie.
A la fois naïve et réfléchie, Amy découvre la vie, en déjoue les pièges les plus grossiers, et on perçoit l’éveil de sa conscience dans ce roman initiatique tout à fait agréable à parcourir. Dans l’ambiance particulière d’une Amérique des années 70, entre le rêve hippie et les désillusions des combattants du Vietnam, un bien plaisant voyage.
284 pages Cherche Midi 10 mars 2022
Ouais, la vie est une suite de…(il réfléchit.)…de deuils. Toutes sortes de deuils : de notre innocence, d’endroits qu’on doit quitter, de certains rêves, certains espoirs. Parce qu’il faut non seulement renoncer à ce qu’on a perdu, il faut apprendre à renoncer à ce qu’on n’aura jamais.
*
Un jour elle nous a raconté qu'au moment de mourir (on avait des discussions vachement profondes), sa mère s'est redressée sur son lit d'hôpital, qu'elle avait poussé un énorme soupir, et qu'elle était retombée sur son oreiller. Morte. C'était plus qu'une « coquille vide », qu'elle nous avait dit. Pour elle, l'âme de sa mère s'était détachée de son corps. Peut-être que l'âme de Sandy s'est détachée de son corps aussi ? En tout cas, moi, j'ai rien vu.
En 2020, ce duo de traducteurs s’est transformé en duo d’écrivains. Alabama 1963 (Cherche Midi), leur premier roman, a obtenu une dizaine de prix littéraires.
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