Damon Galgut
Les quatre décennies qui rythment ce roman riment aussi avec les retrouvailles ponctuelles d’une famille autour des cercueils de leurs proches. Quatre saisons, quatre enterrements. La mère, le père, une soeur, puis un frère disparaissent, tandis qu’Amor, la dernière survivante s’accroche à la promesse fait par sa mère sur son lit d’agonie, de léguer la maison familiale à Salome, leur domestique. Même si de longues années ont passé, que la maison s’est dégradée, et que le cadeau est sans doute empoisonné, Amor aura en tête tout au long de sa vie de respecter les dernières paroles de sa mère.
Cette histoire familiale assez bancale s’inscrit dans le cadre de l’histoire mouvementée de l’Afrique du Sud. On perçoit l’évolution des lois que suit à distance l’évolution des moeurs. Les statuts changent mais en pratique, chacun reste à sa place…
Évocation du temps qui passe et accomplit son oeuvre de destruction, sur les coeurs et les âmes, alors que s’accrochent en vain les racines d’un pouvoir vain.
C’est l’intérêt de ce roman, plus que le sort de cette famille disparate qui ne présente que peu d’originalité.
Lu sans déplaisir mais pas inoubliable. Certaines formules intriguent :
"La déception de la femme est presque palpable, comme un pet lâché à la dérobée !"
L’analogie est obscure…
Amor en soutien-gorge sur le toit. Amor, bientôt cinquante ans, en soutien gorge sur le toit. Assise là, au centre de son histoire, différente des personnes qu’elle a été, de celles qu’elle deviendra peut-être. Pas encore vieille, plus jeune non plus. Entre les deux. Le corps a connu son apogée, il commence à craquer, à faiblir.
*
Tu es une branche qui perd ses feuilles, qui cassera un jour. Et puis quoi ? Et puis rien. D'autres branches rempliront l'espace. D'autres histoires s'écriront sur les tiennes, effaceront chaque mot. Y compris ceux-là.
Damon Galgut est un dramaturge et romancier sud-africain, né en 1963.
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