Laurence Potte-Bonneville
Comme chaque semaine, Jean-Luc et Jean-Claude franchissent la porte du bar, mais cette fois quelque chose a changé. Ils se laissent distraire de leur routine rodée par la présence d’un jeune homme, dont la blondeur surprend. Malgré les consignes qu’ils connaissent, ils succombent à la tentation de suivre l’inconnu qui accepte de les conduire au PMU voisin où ils pourraient jouer au loto. Un échange de veste, un quiproquo et les voilà livrés à eux-même loin du foyer qui les héberge et dans l’impossibilité de joindre quiconque. D’autant qu’ils s’éloignent du centre commercial pour se perdre dans la campagne, tandis que Jean-Claude commence à ressentir les effets de sa maladie. Pendant ce temps le jeune homme blond poursuit sa route, dans l’angoisse de tomber en panne d’essence.
On s’attache rapidement à ces personnages fragiles et émouvants, qui tentent d’accéder à leurs rêves les plus fous, en toute innocence et avec une confiance terriblement risquée.
On ressent également de l’empathie pour le troisième personnage, dont on pourrait craindre le pire et qui reste énigmatique.
Le roman est loin d’être sombre, et la sortie scolaire qui croise la trajectoire de nos deux héros est suffisamment caricaturale pour faire sourire.
Ce premier roman met en évidence une capacité d’observation particulièrement fine , parfaitement retraduite dans les dialogues que l’on entend en les lisant.
En mettant en avant ce trio improbable, l’autrice réussit à construite une intrigue originale et percutante.
Ne pas se laisser perturber en lisant la première page, aux propos sibyllins : le sens viendra plus tard.
Très belle découverte.
À quelques mètres au-dessus d'elle, la tempête fait rage. Elle avait préféré replonger pour trouver des eaux plus calmes et cette rencontre fortuite avait dû la conforter dans son désir de fuir, mais elle interrompt sa course désordonnée pour se maintenir en suspension et accompagner un instant le corps dans sa chute vertigineusement molle.
*
Elle ne rentre pas tout de suite, pour faire provision de lumière grisée, se ravigoter l'âme au miroitement des flaques.
Par la fenêtre d'en face, elle aperçoit Jacqueline qui passe un coup de balai, bonjour de la main, il retourne s'activer derrière son comptoir.
Une petite voiture bleue foncée ralenti devant le café, et s’arrête le long du trottoir dans un bourdonnement d’infrabasses. La portière avant éraflée et la démarcation tracée par l'essuie-glace dans la crasse incrustée malgré la pluie récente ne lui échappe pas
*
Ils sont là, le chétif et l'inanimé, et la pluie glisse et s’épand sur le vide du grand pré. Ils se tiennent la, abandonnés l'un à l'autre, corps transis sous cet arbre effeuillé.
Laurence Potte-Bonneville est née en 1964 à Saint-Denis.
Elle a été successivement élève institutrice, secrétaire dans une entreprise de transports, puis pour un constructeur de décors de théâtre avant de reprendre des études. Après une maîtrise en information et communication et un diplôme d’école de commerce, elle s’engage professionnellement dans la lutte contre le sida. Nous sommes en 1993 et les trithérapies ne sont pas encore disponibles. À partir de
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