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Les naufragées ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Manon Hentry-Pacaud











Quatre portraits de femmes. Trois générations. Un combat. Celui qui fait de leur cours un enjeu de société, prisonnier d’un modèle qui enferme les femmes dans un rôle non choisi.


Quatre voix qui se succèdent pour dire leur lassitude, leur envie de lâcher prise.


Louise a convié sa mère et sa fille pour une déjeuner dominical. Pour renouer avec la tradition. Mais aussi se débarrasser de ce secret qui la hante depuis tant d’années.


Pauly s’apprête pour ce rendez-vous familial. Ses soixante-quinze ans la rattrapent, malgré les soins quotidiens, au gré des arcanes que vantent les magazines. Le corps n’est pas un ami fidèle, mais ses défauts ne sont pas rédhibitoires. 


Anne, sur le chemin de la rencontre avec sa mère et sa grand-mère, accordera un instant à son amie Inès, qui nous aura confié sa douloureuse expérience d’un avortement assumée seule. Les deux jeunes femmes reviendront sur la fragilité des liens amicaux, sans cesse menacés de rupture, noyés au coeur des multiples sollicitations quotidiennes. 


Ces instantanés, isolés dans le flux de ces vies de femmes construisent une sorte d’échéancier des écueils semés sur le trajet d’une histoire féminine, sous le joug d’injonctions permanentes : 


« Il faut sans cesse jouer à l’acrobate, passer d’un rôle à l’autre, correspondre à ce qui a été prévu pour nous, attendu de nous puis osciller vers ce qu’on voudrait être. Jongler entre deux visages, deux figures, parce qu’on est toujours plus qu’un simple corps »


Le thème du corps est au coeur du récit, corps contrôlé, corps souffrant, corps convié à l’enfantement, corps vieillissant…soumis aux diktats de l’époque.


Enfin, de ces contraintes subies, émerge une belle ode à la sonorité, à la solidarité, seul espoir de sortir d’un rôle impossible à tenir .


Très bel hommage à la féminité, écrit avec une douce fermeté, une puissante tendresse.


134 pages Frison - Roche 17 mai 2022









Anne sait qu'elle est bien plus qu'un corps, bien plus qu'une chair dont on sent la réalité pure et dure. Elle est une toile. Un voile, une feuille sur laquelle sont projetées des intériorités multiples qui se disent, se répondent, se comprennent, s'écoutent, se consolent et se soutiennent ; une toile tissée à partir du fil d'une histoire de sororité et de féminité, sur lequel les femmes qui la relient évoluent, d'arceau en arceau, tel des équilibristes.


*


Elle a l'impression de pouvoir pénétrer l'indicible et l'invisible dans les portraits de femmes qu'elle rencontre et côtoie, qu'ils soient proches ou lointains, connus ou anonymes. Anne voit les visages se démultiplier, se comprendre sans le dire alors qu'ils ne font que passer et s’entrecroiser sur un trottoir défait, s’écouler, s’écouter, s’allier et surtout se rejoindre et se soutenir. Tout cet entremêlement dans l'imperceptible, l'insaisissable et l’indécelable. La formation d'une communauté secrète, puissante et inarrêtable.





Manon Hentry-Pacaud est née dans le Loir-et-Cher en 2001. Après un baccalauréat littéraire, elle s'installe à Paris pour débuter des études de Lettres, d'abord à Henry IV, puis à la Sorbonne Nouvelle. Elle suit aujourd'hui un master de Lettres modernes mention Études de genre et littérature francophone. Depuis toute petite, la lecture et l'écriture font partie intégrante de sa vie.

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