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Les vertueux ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Yasmina Khadra 











Lorsque Babaï vient le chercher des son humble gourbi, Yacine n’a d’autre choix que de suivre l’inquiétant homme de main du caïd. S’il imagine de multiples hypothèses pour expliquer cette convocation soudaine, il ne s’attend pas du tout à ce que l’on propose, à ce qu’on lui impose plutôt, car le choix n’est pas vraiment de mise. Yacine se retrouve ainsi tirailleur dans les tranchées de Verdun, pour remplacer le fils du caïd, réformé. Avec à la clé l’espoir du bonheur pour sa famille lors de son retour.


Trois ans plus tard, les promesses ne sont pas tenues. Sa famille a disparu et sa vie est menacée. Commence pour Yacine un périple éperdu à la recherche des siens.


Voyage au coeur de l’Algérie du début du vingtième siècle, juste avant que ne s’amorce une hostilité générale pour les colons, avec une incursion en France alors que la guerre de 14-18 fait rage. Le ton évoque la légende ou le conte des mille et une nuit, d’autant que le héros est constant dans sa probité et sa pureté qui confine parfois à la naïveté. On fréquente les humbles, les démunis, avec quelques figures qui tentent de se sortir de leur condition de miséreux. Pour Yacine, après une période un peu plus faste, le destin le conduira au bagne ! 


C’est aussi l’occasion, mais loin d’être unique en littérature de partager l’horreur de la guerre et la honte pour un pays d’envoyer en première ligne des recrues qui ne sont rien d’autre que de la chair à canon. Malgré tout, c’est dans cet enfer que se lient de profondes amitiés, qui sauront le jour venu inverser les tendances du destin. 



Roman assez classique mais très agréable à lire. On ne peut éprouver qu’une empathie sincère pour le personnage de Yacine balloté au gré de pouvoirs qui le dépassent. 


541 pages Mialet Barreau 24 Août 2022 





- Pourquoi ne se souviendrait-on pas de nous autres ?

Parce que c'est comme ça. Si nous avons été égaux dans le martyr, l'Histoire ne retiendra que les héros qui l’arrangent.


*


Quelle misère ! À croire que le diable protège mieux ses suppôts que le bon Dieu ses saints, que les prières ne portent pas plus loin qu'un jet de crachats, que le sort, en croupier sourd, aveugle et muet, n'en fait qu'à sa tête, qu'il lance la boule et se moque éperdument de savoir sur quelle case elle va s’arrêter.


*


Ainsi va la vie. Tantôt rivière chantante, tantôt crue déchaînée, elle charrie ses mortels au même titre que le limon, les arbres que l'on croyait indétrônables ou le cadavre d'une bête qui se serait noyée. Elle n'a pas d'états d'âme, la vie ; elle n'est coupable de rien. Elle coule dans le lit du temps sans s'attarder sur le gâchis qu'elle engendre ni sur les belles plaines qu'elle est irrigue,  c'est à chacun de s'accommoder de ce qu'elle lui concède








Né en 1955, Yasmina Khadra est un écrivain algérien.


Du même auteur : Ce que le jour doit à la nuit



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