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L'aveuglé. ⭐️⭐️⭐️⭐️

Anne Lorho 











Son goût pour les pommes dauphine l’a plongé dans les ténèbres : une explosion lui a brûlé le visage et par la même occasion détruit le nez. C’est lui, l’aveugle sans nez, qui nous confie son histoire, qui se déroule en grande partie à New-York, où sa mère omniprésente l’avait confié aux mains d’un chirurgien dans l’espoir de corriger les dégâts esthétiques liés à l’accident. Le résultat n’est pas à la hauteur de leurs espoirs, mais la France est désormais assortie de souvenirs funestes et donc terra non grata.


Malgré ou du fait de son handicap, la discrimination positive en est sans doute responsable, Guillaume s’intègre dans la vie new-yorkaise, même si les liens qu’ils tissent sont peu nombreux. La vie en couple semble impossible, il fait appel à  des professionnelles : « Il faut bien que le corps exulte ». Quant aux amis, l’exigence et la mauvaise foi les maintiennent à une distance qui préserve une intimité à la fois souhaitée et abhorrée. 


Une part non négligeable des récriminations de Guillaume concerne sa mère, envahissante, et prévenante, tout entière versée dans la compensation d’une négligence passée.


Dans ce premier roman, l’autrice fait preuve d’une connaissance sérieuse de la cécité. L’adjonction d’une disgrâce esthétique complexifie encore le personnage, qui se fait d’une page à l’autre adoré ou détesté. L’analyse de son comportement relève d’un savoir incontestable.


L’écriture est parfaitement en adéquation avec la personnalité fantasque du personnage, parfois un peu trash. Un roman original, qui n’hésite pas à bousculer le lecteur. 


304 pages Mercure de France 25 Août 2022







Je suis un homme dans le noir. Dans le noir du désir, le noir de l'ennui, le noir de l'agacement perpétuel à l'endroit des hommes, le noir d'un sourire, le noir d'un souvenir, le noir des espaces perdus, et dans le noir je fais danser les femmes.


*


Mes pas me conduisent des lieux que j'ignore, je ne contrôle plus rien. Mes pas vont leur vie, je les suis comme un automate. Un autre obstacle m’atteint. Là, je m’en rends enfin compte, je ne peux plus poursuivre. Il faut que je m'arrête, que je stoppe cette errance de l'amour. Alors je le fais, je m'arrête.


Anne Lorho est enseignante spécialisée auprès d’enfants et d’adolescents déficients visuels. Elle vit à Toulouse.


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