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Une mère éphémère ⭐️⭐️⭐️












Des sentiments mêlés animent la narratrice, lors des obsèques de sa mère, qui s’est donné la mort, elle qui « avait tout pour être heureuse ». Rancune, compassion, regrets, il est difficile d’exprimer ce qui se traduit pas une douleur infinie. D’autant que ce deuil d’une mère trop vite partie, s’assortit d’un lourd secret, que la famille entière connaît mais enfouit derrière un mur de silence glaçant, qui accentue l’impression d‘être coupable alors qu’on est la victime. 


Le sujet est grave, dramatique, et terriblement dérangeant. Ce sont les mots de la narratrice, mettant à jour ces épisodes éprouvants de sa vie d’enfant puis de jeune adulte, qui permettront d’exorciser l’indicible, en surfant sur l’expression poétique. 


C’est un travail de mémoire, instrument fragile de notre construction


« Je ne sais, plus ce qui s’est passé mais je sais que cela s’est passé.

Dans le seul fait que je ne puisse pas me souvenir tient la véracité de mon récit. Cela a existé par ce que je ne m’en souviens plus ».


La reconstruction et l’espoir se fondent sur le pouvoir du langage, sublimé par l’art de s’approprier les mots pour les dompter et les contraindre  à reformuler une passé qui ne s'apaisera que s’il est exhumé. 


96 pages Verdier 15 septembre 2022








Ce qui me demeure, c’est l’énigme. Le suicide de ma mère me condamne au régime du présupposé vrai.


*


Oubli. Ressac d'un point de vie à un autre point de néant. Espace entre ce que j'essaie de faire et les écluses qui refoulent le réel. Des pensées en fuite comme une hémorragie cérébrale, qui m'interdisent d'accéder à des seuils. Je suis aqueuse. Je suis sablonneuse. Qui est « je », de ce que j'essaie d'être, et de ce qui me déborde et m'emporte, fleuve qui ne me demande pas mon avis et me châtre ?


*


Nous restons muettes dans notre ronde folle, et marchent à nos côtés sexualité, maternité, secrets de famille, obscénités, transgression, filiation, impuissances, fuites et mensonge.






Emma Marsantes, née en 1960, a grandi à Neuilly-sur-Seine.  Dans les années quatre-vingt-dix, elle écrit de la poésie qu'elle publie en revue. Elle est professeure de français, elle a principalement enseigné dans des collèges de la banlieue parisienne. Elle a écrit de la poésie, publié dans des revues. 

Une mère éphémère est son premier roman 

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