Maylis Adhémar
Lorsqu’elle revient au pays dans le hameau où elle a passé ses premières années, Zita retrouve les paysages chers à son coeur, elle qui se voyait bergère pour perpétuer la tradition familiale. L’évolution du monde rural en a voulu autrement : c’est avec un diplôme d’ingénieur agronome qu’elle a parcouru la planète. Si elle renoue avec l’ambiance bucolique des environs, elle y croise aussi ses amours d’antan, Damien l’idole des lycéennes, et Pierrick, papa solo depuis qu’il s’est séparé de sa compagne.
Au coeur du débat, le combat déséquilibré des bergers face à l’ours, parachuté dans la montagne pour des raisons qui se veulent écologiques. Malgré les compensations financières de l’Etat, l’avenir des troupeaux est compromis.
Rupture totale avec le cadre de son premier roman, Bénie soit Sixtine, Maylis Adhémar nous offre cette fois un roman du genre nature-writing. S’y opposent les partisans de l’ours et les défenseurs des troupeaux mis à mal par le prédateur. Même si les arguments des uns et des autres sont exposés, Zita ne cache pas son opinion : elle est du côté des brebis.
Maylis Adhémar s’appuie aussi sur des personnages très réalistes pour aborder la questions des couples et des familles recomposées. Outre les problèmes éducatifs vis à vis des enfants qui se joignent au package, lorsque les opinions politiques sont différentes, les repas de famille finissant souvent en portes claquées.
Documenté et et actuel, le roman se lit avec un grand intérêt, porté par des personnages intéressants. Il met en lumière les enjeux cachés de problèmes écologiques dont les intérêts cachés vont bien au delà de la simple présence ou pas d’un fauve dans les montagnes. Derrière les débats, se cachent des enjeux de pouvoir et d’argent, comme toujours.
J’ai retrouvé avec plaisir la plume acérée de Maylis Adhémar, qui a su créé pour ce deuxième roman quelque chose de différent mais tout aussi passionnant.
288 pages Stock 4 janvier 2023
Le bois est un silence habité. Derrière la façade d'immobilité, se cachent des fourmilière travailleuses, d’innombrables cimetières de débris végétaux et de fruits en décomposition, d'infimes vestiges des amours du renard, des éclats de coquilles d’oeufs jamais éclos, les plumes échouées d’un roitelet noir happé par un vautour fauve. Le bois ne donne à voir à celui qui le regarde trop mal et trop vite qu'une infime partie de lui-même.
*
Tu en penses quoi de cet ours ? tenta Pierrick.
–Qu'est-ce que tu veux que j'en pense ? Ça va faire les gros titres pendant une semaine ou deux, les écolos vont réclamer d'autres introductions, ils vont promettre des primes faramineuses pour trouver le chasseur… Et il y a un seul article pour nos cent brebis tuées par l’ours le mois dernier. Voilà ce que j'en pense.
Née en 1985, Maylis Adhémar vit à Toulouse. Après un bac agricole et des études d’histoire, elle est devenue journaliste. Son premier roman Bénie soit Sixtine est sorti en 2020.
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