Abonnés

Bleu nuit ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Dima Abdallah











Sortir. Sortir de cet appartement où il s’est enfermé depuis plusieurs années dans une routine mortifère. Faire fi de tout ce passé si lourd à porter. Et jeter la clé dans une bouche d’égout…

C’est ainsi qu’il se retrouve à la rue, libéré de ses tics et de ses tocs et prêt à adopter le rythme d’une ville qu’il regarde d’un oeil attentif.


La rue est un microcosme qui en dit long sur ceux qui l’arpentent , pour peu que l’on daigne leur jeter un regard. Ella, Emma, Carla, Martha, toutes ces figures « tout ce qui s’est interposé entre lui et la rue », des relations superficielles mais suffisantes pour comprendre les tourments de chacune. 

Sans oublier Minuit, ce chien avec qui il a noué une relation de protection mutuelle. 


Cette précarité volontaire l’a certes pour un temps sauvé de la folie, mais n’en reste pas moins une errance parfois lourde à assurer, sans compter les dangers que la consommation inéluctable de produits illicites l’expose à des agressions. 


Par la voix du narrateur , Dima Abdallah nous propose une série de portraits de gens ordinaires, avec leurs failles plus ou moins tues, tandis que les souvenirs affluent pour nous révéler le chemin semé d’obstacles qui l’a conduit là où il est arrivé. 


Roman profondément humain, révélant une empathie immense pour les anonymes ordinaires, et porté par une très belle écriture, simple et convaincante. On  apprécie aussi les en-tête de chapitres, références littéraires qui donnent le ton à chaque nouvelle étape du parcours.


240 pages Sabine Wespieser, 6 janvier 2022









J'ai glissé hors du monde depuis la nuit des temps

Il n'en reste qu'un bourdonnement lointain

Je suis si fatiguée

J'ai tellement sommeil

Je ferme les yeux et j'entends une chanson douce

Ça sent le propre et les fleurs

Je ferme les yeux et ma mère vient me border

Un baiser sur le front 

Un sourire magique

Puis un doux silence


*


Je regrette. Je regrette Minuit. Layla et les autres. Je regrette le croissant d’Ella, le manteau d’ Emma, les invendus de Carla et les sablés bretons de Martha. Je regrette tout ce qui s'est interposé entre moi et le gris de la rue. Tout ce qui a brisé le bitume et le ciel bas de l'hiver. Tout ce qui a ressuscité les gaufrettes périmés, les champs magiques et les effluves de rose, de jasmin et d’anis. Tout ce qui a creusé les tombes et levé les morts.




Dima Abdallah


Dima Abdallah est une écrivaine française, née en 1977. Elle publie en 2020 son premier roman, "Mauvaises Herbes", qui obtient le prix France-Liban 2020 ainsi que le prix Envoyé par La Poste 2020.







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Article le plus récent

Camille va aux anniversaires ⭐️⭐️⭐️⭐️

Articles populaires