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Crasse rose ⭐️⭐️⭐️

Fernanda Trías  












Dans un univers apocalyptique, une jeune femme raconte sa lutte au quotidien. Pour trouver de la nourriture, avant tout, d’autant qu’elle héberge un enfant atteint d’une syndrome génétique qui associe une hyperplasie monstrueuse et un retard mental. 

Autour d’eux, le brouillard masque en partie le soleil et une gigantesque usine produit une infime mixture, la crasse rose qui donne son titre au roman, et qui semble se composer d’un concentré de tous les résidus issus d’animaux. 

Rode aussi une maladie qui atteint la peau, et que l’on attrape aussi bien dans l’eau qu’au contact de l’air. Peu s’en sortent. Mais Max, l’ex de la narratrice fait partie de ceux qui semblent  pouvoir en guérir, isolé dans une fuite de « chroniques » dans l’hôpital devenu mouroir.


Univers désespérant, sombre, qui soulèvent de multiples questions, et paradoxalement la lutte pour la survie n’est pas surlignée. Certes des magasins ont été pillés, mais l’endroit maudit, en bord de mer, est sans doute suffisamment déserté pour ne plus susciter de phénomènes de violence inhérente au manque.


Sur ce décor glauque, les réflexions se multiplient, au confins de la poésie, dans une romantisation de la destinée humaine. 



Le massage est plus littéraire qu’écologique. Ni l’origine des catastrophes  ni la stratégie pour s’en sortir ne sont les sujets. On est convié à un discours sur le désamour, sur les relations mère fille, sur les aléas de la génétique, sujets qui n’apparaissent en général pas au premier plan dans les récits d’anticipation ou d’apocalypse. 



Les digressions philosophiques apparaissent un peu décalées dans ce roman bicéphale, à moins que le décor post-apocalyptique ne soit pas le bon cadre pour les thèmes philosophiques abordés.


Merci à Babelio et aux éditions Actes Sud 


272 pages Actes sud 5 avril 2023

Masse critique Babelio







L'épidémie nous avait restitué ce que nous pensions quelques années plus tôt avoir perdu de manière irréversible : un pays de lecteurs, enterré loin de la mer, les riches dans leurs maisons de campagne ou leurs villas sur les hauteurs, les pauvres venant grossir les villes de l'intérieur, celles-là mêmes dont nous nous moquions auparavant car vides, défaillantes, obtuses.


*


J’ai compris depuis bien longtemps l’inutilité de le punir lui pour ce que faisait la maladie. Qu’est ce que cela pourrait lui apprendre ? Dominé par la génétique, innocent comme un petit lapin. La pulsion était pour lui ce trou sans fond, cette force centrifuge qui absorbait tout, y compris lui-même 




Fernanda Trías


Uruguayenne née en 1976, Fernanda Trias, est romancière et lectrice pour différents éditeurs  


2 commentaires:

  1. Cela aurait pu m'intéresser mais les 3 étoiles me retiennent un peu.

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    1. J’ai eu un peu de mal avec le style ce qui explique mes réticences

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