Bianca Joubert
Ignorant ses origines, la narratrice débute une longue enquête personnelle pour comprendre d’où elle vient.
Au cours des derniers jours de sa grand-mère, les questions se bousculent
L’évocation de la plus lointaine de ses ancêtres encore accessibles aux souvenirs collectifs ou familiaux, Adriana, la mère de sa grand-mère , la confrontent à la solitude de celle-ci, adoptée dans ses premières années. Elle s’était liée à un homme noir, esclave affranchi de ses jougs. Toute l’histoire de ce peuple déraciné remonte avec les mots qui disent la souffrance et l’exploitation, à une époque où domine le besoin d’ordonner l’observable, classifiant aussi les êtres humains selon leur valeur propre, en fonction de leur couleur.
« L’assimilation des autochtones et les siècles d’esclavage ont créé des arbres généalogiques tronqués et des mensonges institutionnalisés tout en anéantissant des cultures séculaires » .
C’est dire la complexité de la recherche et la difficulté aussi pour le lecteur de comprendre les origines, d’autant que le récit mêle les recherches historiques mais aussi les fictions qui ont créé la légende familiale.
On en retient l’ignominie de la traite des africains, et de l’acculturation des autochtones, prônée au nom des bonnes intentions, dans un siècle où l’ignorance et la morgue des conquérants a marqué des générations successives de ces peuples dont la mémoire collective reste peuplée de fantômes errant encore dans les récits mythiques.
Merci à Netgalley et aux éditions Les Avrils
244 pages Les avrils 5 avril 2023
#LAmériquenestblanchequenhiver #NetGalleyFrance
Comprendre de quoi elle était faite.. Non pas de retailles de gants en cuir auxquelles on aurait cousu un visage, mais bien d’hommes et de femmes qui l’avaient précédée la tête haute, parcourant de long en large un immense territoire dans le respect de chacun de ses éléments
*
Je me retourne sur mon reflet dans une vitre. A l’intérieur, il y a toutes ces ombres superposées. Celles et ceux qui m’ont faite, qui se prolongent en moi, qui ne veulent pas être oubliés. Qui demandent justice pour leur existence perdue. Qui n’étaient pas maîtres de leur vie
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On parle d’arbre généalogique, de branches sur lesquelles on s’inscrit en ramifications. Moi, j’y vois plutôt des cercles concentriques qui mènent jusqu’à mon coeur. Des anneaux comme ceux à l’intérieur des troncs d’arbres, qui se forment année après année, ou des couches de peau qui cicatrisent en ronds successifs sur une blessure.
Née en 1972 au Canada, journaliste indépendante, auteure et photographe, Bianca Joubert est aussi diplômée en arts visuels.
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