Abonnés

Un puma dans le coeur ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Stéphanie Dupays












La légende familiale dit que l’arrière-grand-mère de la narratrice est morte de chagrin, le coeur brisé après avoir perdu ses deux fils et son mari. Personne n’en dit autre chose. Le caractère taiseux des descendants d’Anne Décimus fait le reste. Pourtant la curiosité de la narratrice l’amène à une découverte étrange. L’aïeule est décédée à plus de quatre-vingt ans. De plus des arrièrés de frais d’hospitalisation avaient été réclamés à la famille dans les années soixante ! Derrière le silence se cache forcément une histoire tout autre que celle qui circule peu et mal. 

Avec la pugnacité et les accès que sa profession autorise, la narratrice part sur les traces de cette arrière-grand-mère entourée d’un voile de mystère, et découvre un trésor irremplaçable.


Magnifique quête des origines, destinée à combler les non-dits de la famille dont on sait que l’ignorance volontaire n’est pas sans conséquence sur les comportements hérités sans le savoir, le roman restitue aussi une superbe histoire de la psychiatrie du vingtième siècle, avec ses balbutiements pseudo-scientifiques jusqu’à une structuration fondée sur des connaissances qui se consolident au cours des décennies.




Les lettres recueillies sont un bel exemple des liens entre la folie et la création, dont Antonin Artaud ou Camille Claudel ont été des exemples illustres, et qu’Anne Décimus ne dément pas.


Parcouru avec un grand plaisir, ce roman est un bel hommage à la famille et ce qu’elle représente de capital pour la sérénité des générations présentes et futures. 



208 pages L’Olivier 10 février 2023

Sélection Prix Orange 2023








Plus que les yeux, un physique ou une prédisposition, on hérite surtout d'une façon de voir le monde. L’escargot hérite d' une vision en noir et blanc, le hibou d’une pupille ronde et dilatée qui  lui permet de voir la nuit et moi je vois des dangers à chaque coin de rue. Réussir à m'en défaire et imposer ma propre perspective m'a volé pas mal d’années


*


Ecrire est : la seule manière de regarder la réalité en face sans qu’elle s’abatte sur moi comme une maison en flammes la seule manière de retourner ce qui est perdu dans les décombres .


*


Les morts sans lieu, les morts sans inscriptions deviennent des fantômes menaçants. Les évoquer, c’est leur rendre hommage, les relier à l’histoire présente et les remettre à leur place. Pour que nos mains cessent de trembler  


Stéphanie Dupays 

 

Née en 1978, Normalienne (ENS Fontenay), statisticienne et économiste (ENSAE), Stéphanie Dupays est inspectrice à l'Inspection générale des affaires sociales

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Article le plus récent

L'âge du capitaine ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

Articles populaires