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Les mangeurs de nuit ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 











L’histoire s’ouvre sur un éventail de situations aussi disparates qu’étalées dans le temps : Hannah subit l’attaque d'un ours, Aïka aspire à un avenir radieux sur le bateau qui l’amène en Colombie britannique à la rencontre de son futur mari, tandis que Jack  écoute la forêt en compagnie de son chien.


Quels liens futurs ou passés unissent ces personnages aussi différents, avec pour seul point commun le lieu qu’ils foulent de leurs pas ? Il faudra revenir sur le passé d’un pays qui, après avoir écrasé de son mépris les populations amérindiennes jusqu’à les anéantir, s’en est pris aux japonais exilés, dont la communauté a subi les mêmes pressions et s’est vu privée peu à peu de ses droits les plus élémentaires.


Tous ces destins éprouvés par les sursauts de l’Histoire, sont incarnés par des personnages extrêmement attachants, dont le courage et la pugnacité forcent l’admiration. Si les malheurs répétés les ont incités à vivre en solitaire , ils n’en restent pas moins profondément humains et respectueux de la nature, ayant compris que seul le respect n’authentifiera le pacte tacite d’entraide mutuelle qui permettra la survie.


S’y ajoute le charme des légendes amérindiennes, contées au chevet des enfants, pour le plus grand plaisir du lecteur.



L’écriture est somptueuse, les descriptions de paysage font appel à tous les sens, avec une érudition qui transparaît dans des termes pointus (pétrichor, empyreume) et les mots hérités du joual apportent un exotisme qui allège le propos. 



Magnifique histoire de destins fragilisés par la folie des hommes, ce roman est une très belle découverte de cette autrice que je n’avais pas lue jusqu’ici. 


304 pages L’Observatoire 4 janvier 2023 

Sélection Prix Orange 2023







Les galets luisent encore de la brume de la nuit. Lui aussi a senti quelque chose. Une variation infime. Une note nouvelle s’invitant dans  la mélopée de la sylve. Un tremblement d'un genre inédit, ou plus exactement une présence. Quelque chose est sur le point d’advenir. Un malheur, peut-être, ou une joie : pour les créatures de la forêt pluviale, cela ne fait guère de différence. Seuls, les hommes sont juges.


*


Souviens-toi toujours de cela, mon enfant. Peu importe ce que la vie t’arrache : tu pourras toujours le lui reprendre avec les mots.


*


Les confidences ne se réclament pas. Elle se méritent.



Marie Charrel



Journaliste au journal Le Monde, Marie Charrel a grandi à Annecy. 


Diplômée de l’IPJ, elle a déjà remporté quatre prix décernés par la profession : les prix Prisma, Bayard, Ajis, et le prix du meilleur article financier. 



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