Christel Périssé Nasr
Ce texte d’une précision clinique, chirurgicale est une réflexion sur le bien et le mal.
Marceau tient à conserver un contrôle quasi absolu sur le devenir de ses deux garçons ; l’un deux est éprouvé dès le départ dans son corps, et devra renoncer à ses rêves d’aviation. Sa créativité, née d’un relâchement de la vigilance paternelle, est dévolue à un espoir plus tangible. Mais créativité ne veut pas dire réussite.
Quant à l’aîné, le futur objet de fierté, il oeuvre à concevoir des engins de guerre, concentré sur l’accomplissement de sa tâche, bien indifférent aux conséquences mortifères de son commerce.
Le père figure de l’autorité est digne d’un respect légitime et incontestable, à moins que des secrets révélés ne viennent fragiliser l’édifice.
Le ton particulier de la prose donne à ce récit des allures de texte sacré, de mythe d’un temps passé, mêlant le tribal à l’universel. Des histoires d’animaux domestiques à l’évocation de l’alchimie neurologique de l’empathie, la palette est large.
Récit atypique et remarquable, ce roman est impressionnant.
94 pages Sonneur 12 janvier 2023
Sélection POL 2023
L’aversion pour la douleur de l’autre est une composante de l’empathie, qui s’avère cruciale au développement du raisonnement moral. Cette aversion, chez l’humain, se trouve modulée en fonction de divers facteurs. On nous expliquera que c’est pour éviter que trop de soldats s’élancent sur le champ de bataille afin de secourir deux de leurs frères ennemis venant d’être canardés.
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Le grand fils a capté au vol, dans la gaieté ambiante de l’air du temps, deux ou trois formules caricaturales qui ânonnent que la sélection naturelle équivaut à la loi du plus fort et qu’elle est le principe même de la vie
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Culte confus de la puissance qui amalgame dans un immature pot-pourri l’argent, la séduction facile, le défait d’empathie, le goût du bruit, de la vitesse, le dégoût pur tout ce qui serait trop discret, mineur ou gratuit.La sixième extinction massive des espèces a bien débuté, non ? Extinction de quoi ? Des lombrics ? De coléoptères de mes deux ? Des baleines qui chient dans la mer ? La vie, la vie.. Mais la vie, c’est ma gueule, meuf.
Christel Périssé vit à Nantes, où elle anime des ateliers d’écriture et des formations. Elle a publié un premier roman aux Éditions Rivages, Il n’y a pas de grand soir (2012).
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