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Au delà des linceuls ⭐️⭐️⭐️

 Eloi Audoin-Rouzeau












Le décor futuriste de ce roman ne fait pas rêver, loin de là ! Un monde où les grenouilles et semble-t-il la plupart des autres animaux, domestiques ou sauvages ont disparu depuis si longtemps que leur existence passée est mise en doute et attribuée aux légendes qui se transmettent encore de bouche à oreille. Nous sommes donc dans une projection de l’avenir de notre monde, qui affiche clairement un état de régression technologique : les transports se font à dos de cheval (cette espèce a persisté) et l’utilisation de gaz émanant des zones putrides est une avancée réservée à des privilégiés.


Ce qui ne semble pas avoir beaucoup évolué, c’est la soif de conquêtes aux dépens de contrées plus faibles. L’impératrice qui règne en maître absolu sur son territoire, a des vues sur la Confédération proche. Elle ne tarde pas à lui déclarer la guerre et à mobiliser des conscrits. Les deux héros de l’histoire, Félix et Edgar, n’ont aucune envie de rejoindre les rangs de l’armée et prennent la fuite.



Le roman est consacré en grand partie  à ce voyage pour atteindre la  frontière, fait de rencontres plus ou moins amicales. Il est par contre peu fait allusion au cadre. On connaît un peu la configuration des grandes villes, dont on comprend à demi mots que les linceuls sont de piètres protections contre le soleil et la pollution ambiante, et quid de la vie quotidienne dans ce monde si restreint en biodiversité ? 



L’intrigue reste interessante, mais une trop grande part est dévolue à cette fuite pendant laquelle hormis l’importance de se méfier de tout le monde, il ne passe pas grand chose. 


Lecture agréable mais qui aurait pu aller plus loin dans l’analyse de cette période post-apocalyptique.



360 pages Phébus 17 Août 2023







Toute enfant, né ou recueilli sur le sol de l'empire, en devient par nature un sujet et, dès lors, est tenus de combattre pour lui, en premier lieu, les hommes de seize ans accomplis jusqu'à vingt-quatre  ans révolus.


*


Il paraît qu'autre fois, les grenouilles avaient réellement existé. De nombreuses sources avait été détruites et celles qui demeuraient étaient sujettes à caution. Elles vivaient soi-disant entre l’air et l’eau, le jour, comme la nuit, emplissant les forêts de leur chant au cours de la saison nuptiale. Puis, disparues, disaient certains car trop sensibles aux rudesses de temps. Imaginaires, disaient d'autres. Certains allaient jusqu'à prétendre qu’à de rares équinoxes , il était possible de les voir tomber du ciel par pluies entières.




Éloi Audoin-Rouzeau



Après des études à Sciences-Po-Aix et au Trinity College de Dublin, Éloi Audoin-Rouzeau a travaillé à la FAO, à Rome et au Mali, avant de se consacrer à l’écriture.

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