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L'enragé ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Sorj Chalandon











Terriblement poignant et émouvant !


 Même lorsque l’on connaît l’existence de ce bagne d’enfants de Belle-Île, déjà croisé dans d’autres romans, on ne peut qu’éprouver une immense compassion pour ces gosses, que la malchance et la pauvreté aura livrés aux autorités et littéralement déportés dans cette île pour leur plus grand malheur. C’était dans les années 30, il y a presque cent ans, même avec le recul et en considérant l’ignorance de fondamentaux éducatifs, c’est un manque flagrant d’humanité qui motivait les traitements abjects infligés aux enfants. La meilleure preuve en est la compassion éprouvée par quelques rares personnages, qui refusent de rejoindre la vindicte populaire ou de se laisser prendre par l’appât du gain.


C’est donc l’histoire de Jules Bonneau, homonyme malheureux, aussi dénommé la Teigne, qui se retrouve à 16 ans prisonnier, s’endurcissant peu à peu, seul, sans espoir si ce n’est celui d’une possible évasion . Ce qu’il adviendra de Jules m’a arraché des larmes…


Ce roman de Sorj Challendon se démarque des précédents : pas de pays en guerre, pas de souvenirs personnels douloureux, mais un nécessaire devoir de mémoire pour ce lieu funeste qui  a détruit tant d’enfants. 


Le sujet a été bien documenté, j’en veux pour preuve les détails géographiques faciles à identifier quand on connaît bien la région bretonne (et pas seulement l’île). J’ai même fait un petit pèlerinage à la chapelle Saint Vendal !



Pas besoin de le préciser : j’ai adoré ce roman qui m’a littéralement bouleversée


416 pages Grasset 16 août 2023

#LEnragé #NetGalleyFrance

Prix littéraire Patrimoines





Les récifs, les courants, les tempêtes. On ne s’évade pas d’une île. On longe ses côtes à perte de vue en maudissant la mer. Même si certains ont tenté le coup 


*


J’ai plus d’appétit pour le bourreau que pour sa victime. Je déteste les persécutés. Je déteste les yeux baissés. Je déteste les plaintes. Je déteste les dos courbés. Je déteste ceux qui s’en vont mourir les mains vides.


*




C’est une canaille de Haute-Boulogne que tu as accueillie dans ta chaloupe et sous ton toit.  Pas un orphelin pitoyable, qui sanglote avec un caïd entre les reins, mais une Teigne, une vraie. Un chacal pelé, sans père, sans mère, sans rien de ce qui fait votre humanité. On ne se refait pas Ronan.



Sorj Chalandon




Sorj Chalandon est un journaliste et auteur français, né en 1952.




Du même auteur : 


Le quatrième mur 



Voir l’avis de Joëlle 








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