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Le Château des Rentiers ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Agnès Desarthe 














Derrière tout ce qu’évoque le titre, riche d’une aisance sociale et d’un peu de rêve de princesses et de cour festive, se cache une adresse chère au coeur de la narratrice. La rue du Château des Rentiers, loin de l’image que son nom renvoie, abritait dans une de ses tours une communauté de juifs d’Europe centrale, et parmi eux les grands parents de la narratrice. La tristesse et la banalité du décor contrastait avec l’esprit communautaire unissant les résidents. 


Les souvenirs d’enfance surgissent au fil des pages, réminiscences d’un enfance emplie d’histoires et d’amour, et c’est sans doute ce qui détermine chez la narratrice la volonté de créer une communauté, alternative aux anonymes ehpads, pour abriter ses vieux jours, encore lointains malgré les signes  annonçant progressivement la couleur, à travers les douleurs variées et les trous de mémoire.


L’écriture plaisante d’Agnès Desarthe contribue au charme de ce roman nostalgique, parsemé d’indiscutables éléments autobiographiques. Mémoire d’une histoire récente pour laquelle  la littérature est le dernier rempart pour ne pas oublier, récit de souvenirs personnels tendres comme peut l’être l’amour qui unit une enfant et sa grand-mère, ce sont de bien belles pages que nous offre là Agnès Desarthe.


176 pages L’olivier 18 août 2023







Un château, ose-t-on seulement en rêver lorsqu’on a vécu l'exil et les privations ?

Rentier, n'est-ce pas le statut que l'on réprouve, tout en l’enviant, quand on a porté  autrefois le petit foulard rouge des pionniers ?


*


Mes enfants ont l'habitude que je ne leur réponde pas immédiatement : j'ai, comme ma mère avant moi, développé un art de l'indisponibilité fiable, ou de la serviabilité distraite. Je travaille. Je suis concentrée. Je pense à quelque chose. Et pendant ce temps, les questions s’accumulent. Je finis par répondre et, certains jours –miracle– , je suis complètement présente.


*


À chaque descente de trottoir, je me retenais de lui prendre le bras afin de lui éviter de tomber. Je me force à lui faire confiance, comme il m'avait fait confiance, cinquante-cinq  ans plus tôt, alors que je faisais mes premiers pas.







Née en 1966, Agnès Desarthe est écrivaine et traductrice. 



 



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