Serge Joncour
Evocation d’un passé proche et ô combien encore bien présent dans nos conversations, au point d’en faire un repère temporel ("c’était avant ou après le confinement ?"), le roman s’ouvre avec le début de l’année 2020, alors que la Chine plongeait dans un scénario digne d’un mauvais film de science-fiction.
La Chine, c’est loin, c’est presque une autre planète, pas de quoi s’inquiéter …Mais avec les jours qui passent, la menace se précise et l’inquiétude succède à l’assurance méprisante affichée par les médias.
Alexandre est le seul de sa fratrie qui vit encore à la ferme, avec ses parents. Les autres ont fait leur chemin loin des bêtes et des champs, une sombre histoire d’éoliennes et de terrains vendus a définitivement coupé les ponts entre les frères et soeurs. Mais la vie en ville dans le contexte angoissant de ce début d’épidémie cafouilleux va changer la donne.
En reprenant les unes après les autres les étapes de cette période complexe sur le plan sanitaire et politique, Serge Joncour ajuste le focus sur une famille éclatée qui n’aura pas d’autres choix que de tenter de vivre ensemble, avec ses personnalités si diverses et par conséquent incompatibles !
L’ambiance n’est pas très cordiale, les personnages les plus sympathiques sont sans doute les trois chiots qui parfois monopolisent l’attention plus que l’actualité brûlante .
Ma lecture soufre sans doute de ne pas avoir fait la connaissance de cette famille dans Nature humaine, que ce roman me donne envie de découvrir dans un flash back opportun.
Il n’en reste pas moins que j’ai passé un bon moment à observer cette mésentente cordiale d’une famille qui pourrait être l’archétype de la cellule ordinaire de notre monde contemporain.
352 pages Albin michel 23 août 2023
Plus rien à voir avec « changer la vie ». D'ailleurs, le parti socialiste n'existait quasiment plus, à force de ne pas changer la vie, la vie l’avait changé.
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Alexandre pensait aux mots du vétérinaire, envisager la famille comme un cheptel qu'il fallait protéger, c'était bien de ça qu'il s'agissait, sécuriser le troupeau, et pas seulement ici, partout dans le monde.
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Ils répondaient à rien de moins qu’à l’ultime instinct de sauver sa peau, parce qu'une épidémie c'est fait pour éclaircir le troupeau, pour réguler l'espèce, bien souvent en éliminant les plus fragiles.
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La vie va d'une peur à l'autre, d'un péril, à l'autre, en conséquence, il convient de s'abreuver du moindre répit, de la moindre paix, parce que le monde promet de donner soif.
Serge Joncour est un écrivain français, né en 1961
Il est, avec Jacques Jouet, Hervé Le Tellier, Gérard Mordillat et bien d'autres artistes et écrivains, l’un des protagonistes de l'émission de radio "Des Papous dans la tête" de France Culture.
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