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La vie des spectres ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

 Patrice Jean












Jean Dulac aborde une crise existentielle de la cinquantaine. S’il a publié un roman dans sa jeunesse, il ne parvient pas à finaliser l’embauche d’un autre écrit. Sur le plan professionnel les temps sont durs et il est difficile d’éviter la compromission. Etre pigiste pour une revue culturelle nécessite de ménager la chèvre et le chou. Pour clore le tout, sa femme est en train de le prendre en grippe, bien soutenu par ses copines féministes. Il suffit d’une étincelle pour mettre le feu : l’implication son fils dans la diffusion de sextapes va agir comme un catalyseur de sa déchéance.


Pour pimenter le tout, une curieuse épidémie, dont le remède réjouira le monde de l’édition vient frapper le monde !


J’ai pris beaucoup de plaisir à parcourir ces lignes, qui ne sont pas sans rappeler Le Voyant d’Etampes, d’Abel Quentin en particulier si l’on compare le don de ces personnages à fabriquer des pièges dans lesquels ils tombent allègrement. Et une fois le mécanisme enclenché, aucune sortie de secours n’est possible.


Beaucoup d’humour, qu’il attaque les réflexions féministes des odieuse copines, ou se retourne contre lui-même. Faussement autobiographique (Jean Dulac cite même le roman de Patrice Jean !), le récit ne manque pas de pointer les travers d’une époque complexe et dangereuse. 



Une très agréable lecture !



464 pages Cherche midi 22 aout 2024

#Laviedesspectresrentréelittéraire2024 #NetGalleyFrance








Tant de gens dans les rues. La vie profilère sous le regard de milliers de prunelles, pour elles-même l'essence du monde, des millions de moi provisoires. Et une infinité de désirs, de frustrations, de douleurs, de jalousies, d'espoirs, de deuils.


*


Est-il rien de plus ridicule que de se croire unique, quand on est un exemplaire, parmi des milliards, d'une même espèce ?


*


Pourquoi s'ennuyer avec un roman ? Nous sommes déjà torturés par toutes sortes d'angoisses. Pour quelle raison faudrait-il se coltiner en plus, les tourments irréels de personnages imaginaires ? Je n'ignore pas la bêtise de cet argument, mais, si bête qu'il soit, il s'impose parfois à mon esprit.


*


Existe-t-il un seul être humain, depuis l’ère quaternaire, qui ait mesuré, dans toute sa vérité, le degré d'indifférence dont il était universellement l'objet ?


*


Le couple, le tombeau confortable de la liberté et la famille, son bûcher.


*

Je m'adossais contre le gros oreiller, relevais les couvertures jusqu'à la poitrine, genoux pliés, dans l'attitude du lecteur, enfin seul avec son livre, attitude que je considérais comme l'une des plus proche du bonheur.


 

Patrice Jean



Né en 1966 Patrice Jean est professeur de français au lycée de Saint-Nazaire. 


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