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Les merveilles ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️❤️

 Viola Ardone












Magnifique roman, que j’ai apprécié autant pour la qualité de l’écriture que par l’intérêt du thème !


On fait connaissance avec une petite fille dont le langage étonne, par la naïveté qui contraste avec la pertinence de ses observations et de ce qu’elle se permet de créer avec les mots. Les sobriquets dont elle affuble ceux qui l’entourent, le lexique pseudo médical qu’elle invente, tout cela est si bien vu. Contexte médical donc, puisqu’Elba vit depuis sa naissance dans un hôpital psychiatrique, où sa mère a été internée sur la simple demande de son mari, lassé d’elle. Le temps n’est pas si loin, où cette pratique peuplaient les asiles de jeunes femmes qui devenaient vraiment folles au cours du temps. Anna Hope et Victoria Mas ont traité ce sujet il n’y a guère. 


Dans un deuxième temps, nous recueillons les confidences de celui qu’Elba avait nommé « le jeunot », un psychiatre qui avait tenté d’ouvrir les portes de ces établissements de malheur. Il a soixante quinze ans, il a perdu la foi et se bât avec les affres de la vieillesse. 


Les deux piliers de ce roman sont des personnages remarquables. Elba, pour son destin incroyable et sa verve. Le psychiatre, qui n’est pas un parangon de vertu. De belles idées certes mais de sacrées zones d’ombre. Sa sincérité lui vaut-elle un pardon ?


On lit avec passion ce récit accrocheur, témoignage d’une époque pour laquelle on ne peut pas dire que c’était mieux avant !


Un gros coup de coeur 



400 pages Albin Michel 21 août 2024

Traduction (Italien) : Laura Brignon







Lorsque la personne que tu aimes te manque, le reste arrête d'exister, non ?


*


C'est toujours la même histoire : pour faire du feu, il faut du feu, pour faire de la soupe, il faut des légumes, pour être libre il faut de la liberté.


*


Je reste ici pour mes enfants, pour ne pas les priver de la source de leur mécontentement, jouer encore le père, distrait, à critiquer de loin, un mauvais exemple, à portée de mains, auquel se comparer pour ne pas se trouver si mal.


*


Non, je ne peux pas m'adresser un psychologue, pour trois bonnes raisons : un, j'ai fait trente ans de d'analyse ; deux,  mon psychanalyste a Alzheimer, ou alors il fait semblant de ne pas me reconnaître quand je l'appelle ; trois, je suis moi-même psychiatre et psychanalyste. Tous ces problèmes avec la mère, vous voyez…


*


Au fond, quelle est la différence entre la prison et l'asile psychiatrique ? Il s'agit de surveiller et punir dans les deux cas.


*

Une bonne loi, c'est comme un parapluie qui protège tout le monde, pas seulement ceux qui sont sous la pluie. Y compris ceux qui se sont réfugiés sous la corniche d'un immeuble et ne veulent pas en sortir par peur de se mouiller.


*


La vieillisse, c'est un plan incliné dont au début on ne se rend pas compte, mais qu'on dévale de plus en plus vite dans une accélération implacable : chaque année compte fois sept comme dans la vie des chiens.


Viola Ardone


Viola Ardone est une romancière italienne, née en 1974.


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