Guillaume Viry
Dans ce court texte en vers libre, la folie est dite en peu de mots. Une folie induite, par l’horreur ressentie, dans une guerre aussi absurde que peuvent l’être les guerres. L’appelé n’a pas eu le choix. Il a subi de plein fouet des scènes dont on sait qu’elles ont été vécues. Certains ont pu les affronter, au risque de devenir des silencieux éternels, d’autres n’ont pas pu. Mais qui sont les fous dans l’histoire ?
Ce texte dit aussi le mal sournois du secret, des on-dits, des fantômes dans le placard. C’est un fantôme en particulier, celui de son oncle, qui ressuscite dans ces lignes douloureuses.
Beaucoup d’émotions émanent de ces lignes qui disent autant l’indignation que le soulagement de découvrir un pan de l’histoire familiale soigneusement éludée.
Pas de nouveauté ni dans le thème ni dans la forme, mais une belle alliance et un choix réussi de mise en mots d’un épisode intime qui rejoint l’universel.
160 pages Canoë 6 septembre 2024
Je comprends aujourd'hui
Joseph aujourd'hui je comprends ton aversion pour tout le reste pour tout ce qui tisse péniblement l’écume de nos vies
tu es l'homme des profondeurs, Joseph, pas celui des
surfaces.
je ne suis rien d'autre
moi Julien
je ne suis rien d'autre que le fils idiot
rien d'autre que le fils idiot qui a mis tant d'années, tant
d'années à entendre le père.
*
C'est la nuit
et c'est les bruits au-delà du crâne qui volent en boomerang
verticaux superposés millefeuilletés circulaires
l'eau d'un vieil évier qui se vide.
mais ne se vide pas,
en reste toujours autant à couler
Guillaume Viry est né en 1988. L’appelé est son premier roman.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire