Pablo Casacuberta
La présentation qu’il fait de lui-même le rend immédiatement sympathique : le narrateur est un type ordinaire, sans ambition démesurée. Il doit travailler dur pour terminer ses études de médecine. Il a cependant un but étudier les synapses afin de comprendre leur fonctionnement et en déduire leur rôle sur nos prises de décision. Sa rencontre plutôt orageuse avec Déborah aboutira malgré tout par un mariage et à la naissance d’un fils. Mais la vie de famille est régentée par le père de la mariée, qui s’immisce dans tout, y compris la carrière professionnelle du narrateur, salarié d’un labo de recherche en neurophysiologie. Il incitera son gendre à écrire un livre qui fait un parallèle entre ses travaux de recherche et ce qui fait son quotidien de juif athée. L’ouvrage a peu de succès malgré les efforts immenses de l’éditeur, une relation du beau-père …
Peu à peu le couple se perd et notre héros se retrouve seul, viré de chez lui, avec des ressources précaires. Son éditeur lui propose un curieux marché : une rédaction posthume d’un livre de développement personnel !
Ce qui apparait dans le développement comme une approche un peu condescendante du genre, devient avec l’évolution du personnage un vrai roman de développement personnel, avec de longues explications théoriques puisant leurs inspirations dans le Talmud, mises en parallèle avec la propre expérience du narrateur. C’est là que j’ai lâché l’affaire, malgré mon intérêt pour les aventures assez drôles de cet homme porté sur l’autodérision et le suspens qu’avait créé sa descente aux enfers (qui m’a rappelé les premières romans de Douglas Kennedy).
Il en reste un roman dont l’ironie fait mouche, avec une belle dérision autour du monde de l’édition, une critique acerbe de la psychanalyse et des personnages suffisamment odieux pour être sympathiques.
Merci aux éditions Métailié pour l’envoi de ce service de presse numérique via NetGalley France. Cette chronique n’engage que moi. »
336 pages Métailié 30 août 2024
#Uneviepleinedesens #NetGalleyFrance
Je me suis résigné à l’inexistence de l’âme. J’ai payé pour cela le prix que paient les athées : voir la durée de mon existence réduite à un infime pourcentage.
*
Du langage psychanalytique, non seulement le vocabulaire, ampoulé et autoréférencé me rebutait, mais aussi la faiblesse des arguments sur lesquels il prétendait se fonder. Fallait-il par exemple, tenir pour évident que les enfants venaient au monde doter d'une tendance innée à éprouver un désir érotique pour leur mère, et que la frustration de ce prétendu désir insurmontable provoquait en eux des séquelles affectives jusque dans leur vie adulte ? Quel était alors l'avantage existentiel de loger par défaut un tel sentiment ?
*
On le sait, l'imbécillité va en général de père avec la négligence totale à reconnaître sa propre imbécillité.
Pablo Casacuberta est né à Montevideo, Uruguay, en 1969.Il est l’auteur de cinq romans devenus cultes dans toute l’Amérique latine.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire