Stéphane Giusti
Un roman étonnant, s’inscrivant dans la droite lignée du picaresque, pour nous dire le calvaire de la population juive au début du vingtième siècle, des pogroms à l’Holocauste. Aaron Tamerlan Munteanu en est le porte-parole, lui le juif rouge, depuis toujours en marge, remarquable par sa taille, deux mètres vingt-neuf, et sa chevelure de feu. On fait sa connaissance alors qu’il se bat dans les Carpates contre les armées allemandes et autrichiennes. Fait prisonnier en compagnie de son camarade de combat, son destin va trébucher sur des événements anecdotiques mais déterminants : le sort en est jeté, Aaron est condamné à rester prisonnier de ce corps immense pour l’éternité, témoin impuissant condamné à voir se resserrer l’étau autour de son peuple,
Dès les premières lignes, on est capté par la truculence et les provocations du narrateur :
« J’ai toujours rêvé d’être un antisémite »
Mais l’absurde n’est là que pour mieux exposer l’horreur, de la guerre puis de l’acharnement de l’Allemagne hypnotisée par la mégalomanie de son guide spirituel.
Enfermé dans sa malédiction, Aaron va sillonner l’Europe sur les traces d’un avenir qu’il perçoit aussi inévitable que désastreux. Même la Terre promise se révèle être un piège explosif. De rencontres en révélations, le voyage pèse lourd sur les épaules du géant.
Un style remarquable qui éclaire d’un jour nouveau les affres d’un siècle de haine et de folie.
Merci aux éditions Segherts pour l’envoi de ce service de presse numérique via NetGalley France. Cette chronique n’engage que moi.
336 pages Seghers 22 août 2024
#LeJuifRouge #NetGalleyFrance
Si vous voulez savoir qui nous sommes, suivez le regard de ce qui nous hait. Je me demande parfois si l'antisémite ne nous a pas précédé dans le temps. La victime n'a jamais fait l’assassin.
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J'ignore quand ces marqueurs nationaux sont apparus pour séparer chaque groupe d'humains dans sa cage. Avant la notion du divin ? Après ? Ou bien sont-ils en nous dès l'origine comme des taches de naissance, des angiomes marqués dans nos veines au fer rouge ?
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Toutes les lettres de tous les alphabet n'ont pas assez de sens pour s'assembler en mots capables de raconter. Toutes les voix n'ont pas assez de force pour la hurler. Le silence, dans son essence, même de silence, n’est pas assez digne pour la taire.. Rien ne le fut, ne l'est et ne le sera, jamais
Stéphane Giusti est un réalisateur, scénariste et acteur français né en 1964 à Toulon. Le juif rouge est son premier roman.
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