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Des moutons plein ma chambre ⭐️⭐️⭐️⭐️

 Mickaël Uras 












En digne héritier d’une Chloé qui hébergeait un nénuphar dans ses poumons, l’enfant qui s’adresse au lecteur sent grandir en lui un arbre, métaphore non d’une sagesse qui s’épanouit mais d’une odieuse maladie qui lui vaut malgré tout d’échapper aux infâmes quiches maternelles, pour profiter des bouillons maigres et insipides que l’on sert à l’hôpital.


Les portraits dressés sont drôles, le père radin, la mère volage, les infirmières, le frère peuplent le tableau de l’entourage de cet enfant qui scrute avec une acuité aussi naïve que sensée les moindres travers de ses proches.


Si la candeur des réflexions font adhérer au personnage, les mots qu’il emploie nous renvoient à l’auteur qui lui donne la parole. Entre les anecdotes racontées avec spontanéité, les réflexions matures nous éloignent du gamin narrateur. 


La lecture est malgré tout plaisante et l’empathie nous gagne avec les pages.


Une belle écriture, souvent poétique, nous emporte dans cette histoire  à la fois cruelle mais aussi légère en raison de l’humour dont fait preuve le jeune héros.


Merci aux éditions Cherche-midi pour l’envoi de ce service de presse numérique via NetGalley France. Cette chronique n’engage que moi. 



272 pages Hachette 2 octobre 2024

#Desmoutonspleinmachambre #NetGalleyFrance 






Je trouve plutôt réconfortant de pouvoir échapper à la réalité quand elle est trop difficile à supporter, pour plonger dans un autre monde. Seuls les poètes ont ce pouvoir, je crois. Les rêveurs aussi.


*


Et je me disais que ça devait être chouette d'avoir 73 ans et de se souvenir de sa jeunesse. Un privilège que papa connaîtrait peut-être. Quant à moi je n'en savais rien. J’avais sans doute autant de chance d'atteindre cet âge que l'aspirateur robot, mais je ne lui ai pas dit pour ne pas lui faire de peine. Il se promenait tranquillement dans la chambre, comme si de rien n’était.


*


Le docteur m'a expliqué qu'il n'arrivait pas à freiner la croissance de l'arbre et qu'il se demandait comment faire. Un peu comme un gars qui n'a pas taillé d'arbre pendant dix ans et qui se réveille un matin avec un baobab gigantesque devant sa maison. Ça fait de l'ombre. Moi, mon arbre ne fait pas d'ombres sur ma maison, mais sur ma vie.


*


Qui a toujours quelque chose de bon à tirer d'une situation désastreuse. Quand tu coules, tu peux croiser un petit poisson, coloré magnifique qui restera la dernière image inscrite dans ton cerveau. Un poisson superbe. Je le regarde. Il me regarde. Étonnés, nous le sommes tous les deux. Il se souviendra de moi, coulant à pic. C'est certain.

Michael Uras


Né en 1977,  Mickaël Uras est nouvelliste et romancier 


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