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La saison des bêtises ⭐️⭐️⭐️⭐️


 Mathilde Henzelin





Ambiance très psychédélique pour la première partie de roman, où notre héroïne , une jeune femme loin d’être sotte, a cependant  besoin de paradis artificiels, apothéose de ses semaines, pour apprécier la vie. 


« Dans la vie, Victoire ne veut rien, rien d'autre qu'attendre le week-end »



La dépendance est là, qui rend tout le reste d’une fadeur insupportable. Pourtant les signes avant-coureurs d’un naufrage annoncé sont là, désintérêt pour le travail, perte de son emploi, solitude de plus en plus mal vécue. 

C’est paradoxalement  à la piscine qu’elle tentera  de s’en sortir. C’est d’ailleurs là qu’elle rencontrera celui qui la soutiendra et la sortira de l’impasse où elle s’était enfermée. 


"Elle sait aussi que cet amour est ténu et fragile et qu'il repose sur des illusions que chacun s'est promis de ne jamais mettre à jour. Voilà le secret d'une famille unie, se dit-elle. Se mettre d'accord sur un récit qui n'incommode personne"

Malgré tout les questions surviennent, celles qu’elle avait occultées : la maternité, la famille, l’avenir … 

Le refuge bienfaisant qui l’abrite sera t-il suffisant pour réellement quitter cet enfer ?



« La vérité, c'est que la drogue ne l'a plus jamais vraiment quittée. 10 ans qu'elles cohabitent, par intermittence, comme une relation un peu compliquée, comme un ex à qui on dit, sans y croire que tout est terminé, et qui revient, séduisant, ripoliné, flatteur, promettant tout. »



J’ai éprouvé de l’empathie pour cette jeune femme, encore une fois plutôt réfléchie et à l’avenir prometteur. La logique qu’elle défend est bien entendu un peu viciée par la dépendance, mais elle a le mérite de pointer avec une acuité lucide les maillons faibles de notre société dans son  fonctionnement ordinaire.

Un regard extrêmement  lucide aussi sur le monde le monde de la nuit et cet emprise des drogues, tout à fait comprise, mais imparable. 


Une écriture affirmée, un ton vindicatif , un style convaincant pour ce premier roman. 


Un parcours de solitude qui n’a trouvé son remède palliatif que dans un piètre subterfuge. Fuir la réalité ne la fait pas disparaître…



256 pages Les Avrils 8 janvier 2025

#LaSaisondesbêtises #NetGalleyFrance 





À tous les jeunes qui nous écoutent ce soir : prenez votre propre dope en soirée, donc. Et des nouilles instantanées pour le retour. Voilà, c'était Victoire pour Foncetips, le podcast des foncedés. Quelle bonne idée, ce serait. Une radio de foncedé.s Des assos de foncedés, pourquoi pas un parti politique ? Peut-être que ça la déciderait aller voter.


*


Les drogues, et avoir l'impression qu'on s'achète un peu de temps, juste un peu de temps, s'il vous plaît, que je sache qui je suis, ce que je veux être, ce que vous voulez que je sois. Les drogues, et regarder les gens et voir du bétail en route pour l'abattoir. Les drogues, et « autant aller se pendre tout de suite », parce que la vie ne vaudra jamais plus la peine d'être vécue après avoir connu tout ça, et les fleurs désormais seront inodores et le chocolat aura un goût de coton. Les drogues, et passer des heures à raconter de la merde, à des inconnus, dans des chiottes de boîte de nuit, et être persuadé d'avoir fait des rencontres enrichissante. Les drogues, et poireauter pendant des heures pour atteindre le dealos, lui filer 100 balles et le remercier sincèrement de s'être déplacé. Parce que c'est toujours la même chose. Toujours. Là. Même. Chose.

Mathilde Henzelin


Mathilde Henzelin est née en 1991 à Johannesburg et a grandi à Genève avant de s’établir à Montreuil, où elle est scénariste.


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